Plutarque nous rapporte de quelle manière fut réglée la rançon du jeune César alors qu’il n’avait que vingt ans, étonnante histoire que Suétone confirme avec quelques variantes. En ce temps-là, les pirates pullulaient dans la mer Egée. Car la piraterie maritime remonte à l’aube de la navigation. Et si la "pax romana" apporta un certain répit, elle connaissait encore de beaux jours - si l’on peut dire - en Méditerranée, au temps de l’Algérie ottomane.
Bref, au temps du jeune César, la Cilicie était devenue, en Asie mineure, la zone refuge des pirates égéens. Ce n’est qu’en 67 avant J.C. qu’une expédition militaire sous les ordres de Pompée les élimina pour un temps.
Fuyant le courroux de Sylla qui lui demandait de répudier la belle Cornélia, son épouse, César avait choisi l’exil dans l’armée romaine qui opérait en Orient, en Bithynie, à la cour du roi Nicomède. Après y avoir passé un séjour des plus agréables, il reprit la mer. C’est près de l’île de Pharmacuse qu’il tomba aux mains des pirates (cette île grecque est encore aujourd’hui une base de transit pour l’immigration clandestine à destination de l’Europe).
Comme les pirates exigeaient de lui une rançon de vingt talents pour sa libération, il se moqua d’eux, leur disant qu’ils ignoraient à qui ils avaient affaire ; et il fixa la somme à cinquante talents. Ayant renvoyé en Italie son entourage pour rassembler cette somme, il ne garda auprès de lui qu’un seul de ses proches et deux serviteurs.
Se comportant comme un prince entouré de ses gardes, et non comme un prisonnier, il jouait avec ses corsaires ciliciens, les plus sanguinaires des hommes, mais leur demandait de faire silence quand il voulait dormir. Il participait à leurs exercices, allant même jusqu’à les initier à la poésie et à l’art oratoire. Et quand ces hommes de guerre se lassaient de l’entendre, il les traitait en riant de barbares et d’ignorants, les menaçant de la potence, ce qui les mettait dans la plus grande joie, tellement ils étaient étonnés de voir autant de gaité et de simplicité dans un aussi jeune homme.
Il passa ainsi trente-huit jours avec eux. Ayant reçu sa rançon de Milet, il la remit à ses ravisseurs et recouvra la liberté, conformément à l’accord conclu.
Mais eux qui avaient pris pour des plaisanteries les menaces amusées de César ne se doutaient pas du sort que le jeune homme leur réservait. Aussitôt arrivé à Milet, César s’occupa d’armer à ses frais plusieurs vaisseaux et comme ses anciens ravisseurs commirent l’imprudence de venir mouiller dans la rade, il fondit sur eux...
Il en fit prisonnier un grand nombre et s’empara de tout leur butin. Il les conduisit à Pergame où il les mit dans les fers. Puis, conformément à la législation en vigueur, il se rendit auprès du préteur romain d’Asie pour réclamer qu’ils soient punis. Or, Junius, attiré par l’appât du gain, décida de remettre le jugement à plus tard. Probablement avait-il l’intention de revendre les prisonniers pour en tirer profit. Méprisant quant aux tergiversations stériles, César retourna à Pergame et là, il fit crucifier tous les pirates comme il le leur avait si souvent dit.....Lire la suite sur agoravox.fr »»»