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Critique de la raison catholique

Par jean_paul yves le goff
Dans le précédent envoi de "critique de la raison catholique", lenuméro 23, j'abordais la question de savoir si, dans les évangiles canoniques (ou dans d'autres textes du christianisme primitif) il y avait des raisons de considérer qu'il était dit que Jésus était Dieu (à ne pas confondre avec l'affirmation selon laquelle il aurait été "fils de Dieu".)

Cette question est loin d'être épuisée avec les quelques échanges qui ont eu lieu.

Selon certains, un certain nombre de citations tendrient à prouver que tel était le cas. Nous y reviendrons prochainement.

Evidemment, le christianisme catholique dit que oui.

La question, si on veut l'examiner du strict point de vue historique, ne peut pas se traiter sans s'interroger sur l'authenticité de ces textes qui constituent le Nouveau Testament (les quatre évangiles, les actes, l'apocalypse, les épîtres).

C'est d'ailleurs là-dessus que se fonde non seulement la théorie de la divinité de Jésus-Christ (et ses deux natures), mais aussi, tout simplement, l'historicité de Jésus-Christ.

Aujourd'hui non seulement le christianisme catholique affirme l'existence historique de Jésus-Christ, mais elle la présente comme au-dessus de tout soupçon et oublie de dire que cela dépend uniquement de la valeur historique que l'on veut bien accorder aux évangiles.

Ce n'est pas anormal en soi que l'Eglise ait cette opinion. Ce qui l'est moins, c'est que, de plus en plus, cette théorie de l'historicité de Jésus, donc de la validité historique des évangiles, reçoit le soutien d'éminents savants de la société civile et aussi d'institutions laïques, comme l'Université française.

Je veux simplement dire aujourd'hui, que ce ne fut pas toujours le cas. Dans le livre intitulé Jésus, paru en 1933 et réédité en 1969 par Albin Michel et épuisé aujourd'hui, dû à Charles Guignebert qui enseigna les origines du christianisme pendant quatre décennies à la Sorbonne (mort en 1943), on lit ceci dans l'introduction :

"Imaginer que le christianisme est né et a vécu d'autre sorte que les diverses religions qui se sont, avant et après lui, partagé le coeur des hommes, croire qu'il a échappé aux lois qui les régissent toutes et aux fataliéts qui les dominent, affirmer qu'il constitue à lui seul une espèce particulière et exclusive, c'est là une vue de foi, respectable en sentiment, et qui garde, même aujourd'hui, son intérêt pratique- ou pragmatique - mais c'est aussi une erreur d'histoire. Depuis que des chercheurs indifférents aux conclusions confessionnelles ont appliqué leur effort à l'étude du problème chrétien, aucun n'a varié sur cette constation fondamentale : l'explication traditionnelle, la représentation orthodoxe des origines chrétiennes ne résistent pas à l'examen critique. En contrepartie de cette conclusion négative, bien des systèmes différents et mêmes contradictoires ont été proposés, pour remplacer celui qu'on écartait et, à l'essai, aucun ne s'est encore définitivement imposé tout entier.

Il n'y a pas lieu de s'en étonner et, moins encore, d'espérer en tirer avantage en faveur de la tradition."