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Santé - Le bisphénol A: nocif pour la santé mais présent presque partout

Source: Marianne2

Le Bisphénol A, à fleur de peau

La chimie risque-t-elle de nous faire mourir à petits feux? Telle est en tout cas la crainte de Lait d'Beu. Extrêmement dangereux pour la santé, le bisphénol A présent dans les biberons et sur les tickets de caisse infecterait aisément peau et sang humain. D'autres effets pervers seraient également à redouter sans pour autant affoler les industriels appâtés par le profit.

Je tombe hier matin sur un article du Figaro qui ne pouvait manquer de m’intéresser « Le bisphénol A de nouveau sur la sellette ». Vous savez sans doute que cette substance fut mise en cause quant à son utilisation notamment pour les biberons et qu’en conséquence elle fut interdite pour cet usage, ayant été prouvé que lorsqu’un récipient contenant du bisphénol était chauffé, des particules passaient dans le liquide. Or, des chercheurs viennent d’apporter la preuve que cette substance peut également traverser la peau et contaminer les personnes qui auront été en contact. C’est par exemple le cas, selon une récente étude américaine qui avait révélé la présence de taux élevés de BPA dans l’organisme de personnes qui sont en contact régulier avec des tickets de caisse ou des reçus de carte de crédit, ces «papiers thermiques» contenant en effet du bisphénol sous forme libre.

Deux études viennent d’en apporter la preuve. Le Dr De-Kun Li, de l’Institut de recherche californien Kaiser avait déjà accusé le bisphénol A, abondamment utilisé dans la fabrication de plastiques et résines de nombreux contenants alimentaires et de boissons, de favoriser des troubles sexuels masculins : baisse de libido voire impuissance. A l’issue d’une étude menée conjointement avec des chercheurs chinois pendant 5 ans sur une cohorte de 500 ouvriers d’usine, dont certains étaient exposés au bisphénol A, il fait état de résultats pour le moins troublants. Parmi eux, 218 ont subi des examens d’urine et de sperme et selon le Dr De-Kun-Li «les hommes ayant un taux détectable de BPA dans les urines ont un risque trois fois plus élevé que ceux qui n’en excrètent pas de présenter une diminution de concentration du sperme et une baisse de vitalité des spermatozoïdes».

Plus grave encore : « le même type d’association dose-effet a été observé chez des hommes ayant une exposition uniquement environnementale au BPA à des niveaux comparables à celui de la population générale aux États-Unis». Cela n’est guère rassurant !

Dans le même temps, une autre étude menée par une équipe française de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Toulouse, en collaboration avec le laboratoire Pierre Fabre (le siège social et de nombreux laboratoires sont implantés à Castres dans le Tarn et outre les produits dermo-cosmétiques qui représentent 1/3 de son activité, le groupe pharmaceutique est spécialisé entre autres, dans la recherche de médicaments anti-cancéreux et l’immunologie).

Or, ils viennent de démontrer que le BPA peut aussi pénétrer dans l’organisme par la peau. « Leurs travaux, publiés dans la revue Chemosphere, ont été menés d’abord sur des fragments d’oreille de porc cultivés en laboratoire, puis sur un modèle comparable de peau humaine. Environ deux-tiers du BPA déposé en surface a traversé la barrière cutanée». Les chercheurs concluent qu’«associées au fait qu’une contamination alimentaire ne peut expliquer à elle seule les taux de BPA retrouvés chez certaines personnes, ces nouvelles données «suggèrent fortement que cette molécule est capable de pénétrer dans l’organisme à travers la peau humaine»».

J’avouerais que m’intéressant depuis assez longtemps à ces problèmes de substances chimiques dangereuses, je n’en suis nullement surprise. D’ailleurs, le bisphénol A n’est pas la seule molécule chimique mise en cause par des scientifiques – toxicologues, endocrinologues, cancérologues - dans les perturbations endocriniennes depuis les années 1980-90… Vous y ajoutez la longue liste (sans doute incomplète) des phtalates et des phyto-oestrogènes (utilisés par l’agro-alimentaire pour leurs propriétés aromatiques), des parabens, des PCB (dérivé chloré toxique), des hormones données au bétail, etc…

La meilleure preuve de l’activité indéniable du bisphénol A (nommé encore BPA) : « le bisphénol A est un œstrogène de synthèse qui n’a pas été utilisé comme tel car le même chimiste a mis au point un œstrogène plus puissant, le Distilbène…», avais-je lu sur Le Monde (24 novembre 2008), « La reproduction humaine est menacée par la chimie ». Le même Distilbène, mis en cause pour son utilisation entre 1950 et 1977 dans la prévention des fausses couches : il s’est révélé nocif pour les enfants exposés in utero et semble avoir des effets sur « la qualité de leur descendance»…

J’ai aussi le parfait souvenir de son utilisation en urologie (je faisais un stage en consultation d’uro à l’hôpital Tenon en 1970) dans le traitement médical des cancers de la prostate : tous les patients présentaient une gynécomastie (poussée des seins) plus ou moins importante. CQFD. Quand on sait de surcroît qu’il est actuellement utilisé en gynécologie comme «pilule du lendemain», je ne suis guère rassurée.

Récemment la toxicité du chlordécone (un pesticide de la famille du DDT) fut mise en cause pour son effet sur les travailleurs des plantations de bananes (Guadeloupe, Martinique, Haïti et Dominique) avec un nombre élevé de cancers de la prostate (les personnes les plus exposées ayant un risque de développer cette affection 2,5 fois plus élevé que celles qui sont le moins exposées) et d’autres effets sur la spermatogenèse…

Vous vous souvenez sans doute du scandale du lait chinois contenant de la mélamine qui défraya la chronique en 2008 ? J’ai lu, il y a déjà quelque temps, un article du Figaro « Pékin menacé par un nouveau scandale du lait contaminé » (15 août 2010) qui souligne l’inquiétude de parents chinois en constatant sur des fillettes en très bas âge – entre 4 et 15 mois ! - l’apparition d’une puberté précoce avec une poussée des seins… Les premiers tests sur les trois bébés ont confirmé un taux anormalement élevé d’hormones : celui d’une femme adulte. Point commun de ces trois cas survenus dans une province du centre du pays : les trois bébés ont été nourris au lait en poudre produit par la même entreprise, Synutra.

Bien entendu, les autorités sanitaires chinoises démentent tout lien de causalité avec le lait mélaminé ou quelque autre produit similaire, une expertise sans doute bidon ayant démontré que les enfants ne présentent aucun signe d’une croissance anormale – sauf celle des seins ! – elles arguent… d’une alimentation carencée. Dieu du ciel ! Ils prennent visiblement la population chinoise pour des cons ! Mais ne leur en déplaise, le web chinois répercute ces infos et fait litière de pareilles billevesées. La population n’est pas dupe : elle n’a plus aucune confiance ni dans les produits ni dans les affirmations des autorités.

J’ai travaillé en stage de pédiatrie auprès d’enfants et bébés présentant parfois entre autres troubles, des carences alimentaires, je n’ai jamais vu ou entendu parler de puberté précoce, non plus que dans toute la littérature médicale. Il est seulement connu que les adolescentes et femmes anorexiques souffrent au contraire d’une aménorrhée (absence de règles) sans qu’il soit à ma connaissance possible de faire toujours le départ entre les causes psychologiques et biologiques (carences alimentaires).

Quant à la contamination possible par la peau, il est intéressant qu’elle soit confirmée mais cela ne faisait aucun doute pour certains scientifiques, toxicologues ou cancérologues. Lesquels étaient montés au créneau en septembre 2008 notamment pour protester contre les produits contenus dans les fameuses «trousses de naissance» offertes dans les maternités ainsi que les cosmétiques pour bébé en général. Le Figaro du 18 septembre 2008 qui se demandait s’il ne s’agissait pas d’un «cadeau empoisonné»… Les non moins fort intéressants articles que Libération avait consacré à cette question ne sont plus disponibles. Je peux néanmoins les communiquer en version Word aux personnes qui m’en feraient – gentiment :) - la demande.

J’ai la chance d’avoir une mémoire d’éléphant et des archives (cela me prend suffisamment de temps !). Je me souvenais donc parfaitement que le Pr Belpomme cancérologue, – il est des noms qui se retiennent facilement ! – affirmait sans doute non sans raison : « la peau est beaucoup plus perméable aux produits toxiques que ne le sont les autres voies. Et vous n’imaginez pas ce qui peut se passer chez un jeune enfant. C’est encore pire puisque sa peau n’est pas mature…». Propos rapportés par Le Figaro Cosmétiques pour bébés : l’Académie veut rassurer (1er janvier 2009).

Le Pr Belpomme est avec le Dr Charles Sultan, spécialisé en endocrinologie pédiatrique, un des animateurs du Comité pour le développement durable en santé (C2DS) qui met en cause les crèmes de soins pour bébés, les lingettes nettoyantes et même les couches, néfastes pour la santé des nourrissons. Il affirmait par ailleurs (Libération) que «des doses très faibles de perturbateurs endocriniens peuvent induire des cancers du sein ou de la prostate 30 ans après», faisant aussi valoir que la pénétration par voie cutanée était «celle qui permet la plus grande perturbation de l’organisme comparativement aux voies respiratoire ou alimentaire, car la peau ne sait pas détoxifier».

Libération a consacré un article à ces « Trousses de naissance : un «cocktail toxique» selon des scientifiques » offertes dans les maternités, et qui contiennent toute une gamme de produits : crème, gel lavant, eau minérale, lingettes, couches… N’y voyez aucun altruisme : les fabricants espèrent uniquement « fidéliser » les jeunes mamans.

Selon André Cicollela, chimiste toxicologue, chercheur en santé environnementale et par ailleurs fondateur et président du Réseau environnement santé, qui milite pour l’interdiction du BPA «Il faudrait bannir le bisphénol A» (Libération du 9 février 2010, propos recueillis par Eliane Patriarca), les produits offerts dans ces trousses contiennent des substances particulièrement dangereuses : «des parabens, dont certains interfèrent avec le système hormonal (…) de l’EDTA - acide éthylène diamine tétraacétique - un stabilisateur de produits qui peut être reprotoxique - ou du bisphénol A, classé au Canada comme substance toxique. Du phénoxyéthanol, qui favorise l’absorption du produit par la peau (!) et pourrait être dangereux pour le système nerveux et le sang» et dont sait par ailleurs qu’il peut être allergène. Quant au BHT, il serait suspecté d’être cancérigène, de même que l’aspartam (édulcorant de synthèse). Enfin «l’eau minérale de la mallette est particulièrement chargée en nitrates» selon le Comité.

Dans un autre article, « Les biberons seront bientôt garantis sans bisphénol A » (Le Monde, 10 mars 2009) André Cicollina revenait sur la toxicité du BPA dont il souligne qu’il «est suspecté dans les grands problèmes de santé : cancer du sein, de la prostate, diabète, obésité, atteinte de la reproduction, maladies cardio-vasculaires», et qu’appartenant à la classe des «perturbateurs endocriniens, il a un impact sur tous les systèmes hormonaux – même à faible dose» – mettant ainsi à mal la thèse de l’Afssa selon laquelle il n’y aurait aucun impact en deçà de la «dose journalière tolérable» (DJT) : 50 microgrammes par kilogramme de poids corporel - les études scientifiques sur lesquelles elle est actuellement fondée sont “obsolètes” car elles ne tiennent pas compte des risques liés aux faibles doses de BPA»…

«De très nombreuses études chez l’animal mettent en évidence son impact sur les troubles du comportement, la fertilité, le développement de cancers, le diabète et l’obésité». Bigre ! Et enfin, une étude, publiée dans la revue Environmental Health Perpectives en octobre 2009 «établit un lien entre l’imprégnation de femmes pendant leur grossesse et une agressivité accrue de leurs fillettes de deux ans».

Je ne suis ni psychiatre, psychologue ou sociologue, mais je ne peux m’empêcher d’y voir un lien de causalité – sans nul doute parmi d’autres causes multiples – avec le déchaînement de violences inexplicables auquel nous assistons depuis déjà un certain temps. De nombreux articles ayant d’ailleurs souligné l’explosion récente des cas de violence très graves chez certaines adolescentes.

Qu’un industriel défende son beefsteak est somme toute dans l’ordre des choses quand bien même ferait-il table rase du principe de précaution. Ainsi, Jean-Paul Vulliermet, président de l’enseigne de puériculture Béaba, le 6 mars 2009 : «le doute est extrêmement faible mais cette polémique angoisse inutilement les mamans»… Manifestement, n’étant ni scientifique ni médecin, ne connaissant à l’évidence rien au béaba de la recherche scientifique et n’y attachant aucune espèce d’importance alors même que ces recherches sont pourtant fondées sur des éléments objectifs précis et concordants des plus alarmants, il peut se permettre d’avancer que «le doute est extrêmement faible»… Tu parles !

C’est déjà autrement grave quand c’est Roselyne Bachelot - ministre de la Santé - qui nous sert la même fable : «émettant deux réserves : à savoir un risque réel de contentieux européen et le fait que l’innocuité des substituts au bisphénol A n’a pas été suffisamment étudiée». Quand on a en mémoire tout ce qu’elle nous a sorti comme conneries pour nous faire gober son vaccin contre la grippe H1N1, son incompétence manifeste en matière de santé publique nous laisse partagés entre franche rigolade et indignation. Vraiment, qu’est-ce qu’on en à foutre de la Commission de Bruxelles quand c’est la santé de millions de Français qui est en jeu ?

Mais nous atteignons le summum ou l’abîme de l’hypocrisie avec les prétendus « experts » qui se penchent sur la question… Académie de médecine ou Afssa, même combat ! J’ai fait en son temps une recension à peu près complète de ce que l’on voile publiquement du nom de « conflits d’intérêts ». Entre les experts qui ont menti effrontément (non seulement sur leurs liens avec les firmes mais pire : sur la toxicité réelle des produits), ceux qui taisent qu’ils sont en fait employés par les industriels ou font partie de leurs « comités scientifiques » et certains qui ont bidouillé de prétendues études jamais menées, la coupe est pleine !

Remarquons l’étonnante franchise du directeur de l’Affsa répondant à un journaliste lui demandant s’il prenait soin de s’entourer d’experts indépendants de l’industrie ! «Bien sûr que non ! Sinon comment sauraient-ils de quoi ils parlent ?»…

De santé publique mais cela ne l’effleure même pas ! Tant que les scientifiques indépendants tels que le Pr Belpomme ou André Ciconella n’auront pas la même voix au chapitre que ceux qui sont de toute évidence inféodés aux seuls intérêts des lobbies du pharmaco-business, de la chimie et de l’agro-alimentaire, nous ne pourrons avoir que du mépris pour ces prétendus experts, sonnants et trébuchants.

La contre-attaque de l’Académie de Médecine « Cosmétiques pour bébés : l’Académie veut rassurer » (Le Figaro, 1er janvier 2009) contre la mise en cause des produits contenus dans les désormais fameuses «trousses de naissance» est le parangon de la mauvaise foi au service de l’intérêt des margoulins.

«Il ne peut y avoir de médecine que fondée sur les faits. Inquiéter l’opinion sans preuves n’est en aucun cas une démarche scientifique et éthique. On ne peut raisonnablement affirmer qu’il existe un risque d’apparition de cancers en cas d’exposition à long terme et, simultanément, qu’il n’y a pas de preuve formelle de la nocivité de tel ou tel produit».

Après enquête, ils soutiennent également que : «le principe de précaution ne saurait justifier une attitude systématiquement alarmiste, surtout quand celle-ci est fondée sur une expérimentation non pertinente, et alors que nombre de cosmétiques pour bébés sont utilisés depuis plusieurs générations dans le monde sans conséquences sanitaires apparentes».

Fermez le ban ! Vous serez sans doute intéressés de savoir comment et par qui fut menée cette enquête si décisive et péremptoire. Nous apprenons que l’Académie de médecine «a réuni un groupe de travail composé de deux pédiatres, d’un pharmacologue et d’un toxicologue et a également travaillé avec l’Afssaps». Lequel organisme a déjà fait tellement preuve de son indépendance ! Nous ne saurons sans doute jamais si ces experts sont liés ou non avec l’industrie des cosmétiques.

Selon le Dr Paul Vert, professeur de pédiatrie néonatale à Nancy et membre de l’Académie, «il est légitime de se poser des questions sur la toxicité des produits de notre environnement puisque nous sommes envahis de substances chimiques». Il déplore cependant «qu’à partir d’une question scientifiquement légitime, on crée un mouvement de panique».

Soit. Mais il se prend les pieds dans le tapis : il reconnaît qu’il est impossible, sur le long terme, de savoir si ces produits comportent ou non un risque. «Tout simplement parce qu’en expérimentation animale, le long terme, c’est 90 jours alors que sur l’être humain, c’est plusieurs dizaines d’années», explique-t-il, recommandant du coup «d’utiliser des produits connus de longue date». Dont rien ne dit d’ailleurs qu’ils ne soient pas dangereux puisque nous savons que la toxicité peut se révéler une trentaine d’années plus tard, une fois les bébés devenus adultes et… malades (souvent des cancers) ou présentant des troubles de la reproduction.

«Nous sommes confrontés à une épidémie de cancers dont un certain nombre ont leurs origines “dès la gestation” a souligné André Cicolella, évoquant une hausse des cancers des enfants de 1% par an en Europe (…) La politique qui consiste à ne pas parler des résultats qui gênent n’est pas acceptable en matière de santé publique».

Bien évidemment, les professionnels se défendent : « les produits cosmétiques pour enfants sont stricte-ment contrôlés» selon un communiqué la Fédération des entreprises de la beauté (Febea) qui ajoute qu’en cas de doute «l’Afssaps peut ordonner qu’ils soient immédiatement retirés du marché». Sans doute est-ce vrai dans l’absolu mais jusqu’à présent, comment ne pas souligner la valse-hésitation de l’Afssaps sur le problème des biberons au Bisphénol A ?

A lire Libération « Bisphénol A : l’Agence de sécurité sanitaire retourne sa tétine » (5 février 2010) il est parfaitement clair comme le souligne Eliane Patricarca que pour l’Afssa, si «le bisphénol A inquiète, il est urgent d’attendre»… Elle rappelle fort opportunément qu’en 2008 «l’Agence avait conclu à l’absence de risque de ce composé chimique» lors même qu’en 2008 le Canada a interdit le BPA dans les biberons et qu’en janvier 2010, «la Food and Drug Administration (FDA) a évoqué une «préoccupation» quant aux effets potentiels du bisphénol A sur le fœtus et les jeunes enfants et recommandé aux industriels d’arrêter la production de biberons et boîtes de conserves pour nourrissons contenant du BPA». Le nécessaire principe de précaution : vérité outre-Atlantique, ineptie en France ?

Elle s’étonne à juste titre du bien étrange avis de l’Afssa qui se borne à recommander «d’éviter de chauffer à très forte température l’eau, le lait ou la soupe quand ils sont contenus dans des récipients en polycarbonate ou de porter à ébullition les biberons». Tout en reconnaissant des «signaux d’alerte» au vu d’études récentes sur le rat, montrant «des effets subtils», des troubles du comportement «après une exposition in utero et pendant les premiers de vie» et ceci ; à des doses très faibles… signaux conduisant l’Agence à… «poursuivre son expertise pour comprendre la signification en terme de santé humaine, éclairer le consommateur et permettre aux pouvoirs publics de prendre des mesures appropriées»… et préconisant «d’acquérir des données françaises sur la présence de bisphénol A dans le lait maternel, chez le nourrisson, et dans les laits maternisés».

Une belle louche sinon une piscine de lait d’beu ! De surcroît, l’attitude de l’Agence me semble révélatrice d’un incroyable mépris pour la communauté scientifique internationale. Les résultats des recherches, une fois validés, ont vocation à être partagés. «Acquérir des données françaises» ? Hum ! Hum ! Si elles vont dans leur sens : «Tout va très bien Madame la marquise» ? A chaque fois qu’ils contestent un résultat, ils mettent en cause la méthode, le nombre de participants à l’étude, etc… Trop facile.

Le seul et vrai problème étant que contrairement aux médicaments, les produits cosmétiques, même destinés aux bébés et jeunes enfants - et dont 80 % seraient issus de la pétrochimie ! - ne nécessitent pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) et que «leur sécurité relève de la responsabilité du fabricant : c’est l’industriel qui doit vérifier que la composition de son produit est conforme à la réglementation européenne et nationale. Les contrôles sanitaires n’intervenant qu’a posteriori».

Vous y ajoutez que les scientifiques qui militent pour l’interdiction du BPA contestent la dose journalière tolérable (DJT) – comme s’il était «tolérable» d’être empoisonné à petits feux ! – de 50 microgrammes par kilogrammes de poids corporel, ayant mis en évidence des troubles survenant à de très faibles doses et faisant valoir, non sans raison que quand bien même les industriels respecteraient-ils les seuils autorisés, le problème est lié à «la répétition des doses» et à la durée d’exposition.

Plus largement, nous vivons dans un environnement de plus en plus exposé aux pollutions chimiques, qu’elles soient générées par l’industrie, l’agriculture (qui tend à devenir une industrie !), les incinérateurs d’ordures (dioxynes), etc. Les eaux de surface, de source, voire les nappes phréatiques sont polluées par les nitrates ou des résidus de produits divers dont certains ont des effets sur la reproduction (féminisation des poissons !).

Les articles abondent qui font état de la pollution des intérieurs ou des voitures – les neuves sont carrément un réservoir - par une foule de produits chimiques ; d’examens sanguins témoignant de la présence de substances chimiques dangereuses dans l’organisme ; de fruits et légumes bourrés de nitrates et autres produits. Les produits de l’agro-alimentaire contiennent de plus en plus des additifs chimiques dont l’utilité est hautement contestable, sans que l’on en connaisse véritablement l’innocuité à court, moyen et long terme.