Citation du jour:

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Respect de l’humain. Georges Rabehevitra

Ce qui vient de se passer dans notre pays m’attriste au plus haut point et me rend plus que pessimiste quant à la capacité de tout tenant du pouvoir, quel qu’il soit, de ne pas admettre que tout pouvoir a des limites.

Je ne vais pas revenir ici sur les aspects mise en scène ou non de ces pseudos tentative de coup d’État ou de troubles de l’ordre public. Non, je veux tout simplement parler du droit, dans le sens latin juris du terme, en particulier du droit de chaque être humain à un minimum de respect, dans sa dignité humaine.

Je martèle que le prétexte au coup d’État qui a renversé Ravalomanana est le changement, en mieux. Depuis plus d’un an, je ne pense pas me tromper, et je ne suis pas le seul, en disant que de changement, il n’y en eu point, et que le pire apparemment n’est pas terminé, surtout dans le domaine du respect du droit.

Sue ces mêmes colonnes de la Tribune, je lançais aussi un appel à une œuvre de salut public pour la dissolution du FIS, un corps qui n’a pas de statut, et donc avec un pouvoir sans limite ?

Une des choses la pire que ce pouvoir ait fait depuis son accession, c’est le non respect total de la dignité humaine. Tout être humain, quel que soit le crime dont on l’accuse, mérite un minimum de respect, surtout quand il n’y pas eu condamnation.

Je vous rappelle que dans notre pays, les gendarmes ou les policiers, les vrais qui ont appris un minimum de droit, montrent des accusés mais avec le visage masqué et ne les déshabillent pas avant de les montrer comme des bêtes sauvages aux objectifs des photographes.

Ce régime est vraiment descendu très bas en exhibant (il n’y pas d’autres mots) des accusés, déshabillés et torses nus, et pas pour la première fois.

J’accuse ici les auteurs de ces actes, récidivistes, d’être au même niveau que les barbares et je mets dans l’accusation tous les photographes et les organes de presse qui publient de telles photos.

Mesdames et messieurs, rien, absolument rien, et aucune cause ne justifie que l’on traite un être humain de la sorte. Mais de quelle maladie mentale êtes vous atteint pour oser agir de telle sorte ? Mais que peut-il y avoir de tordu dans votre cervelle pour arriver à ce point de bestialité ?

On sait que le pouvoir rend fou mais au point de rendre aussi bestial et faire reculer notre pays vers l’âge des ténèbres de l’humanité.

J’appelle solennellement Rajoelina et toute sa clique d’arrêter tout de suite ce genre de traitement dégradant de l’être humain et déhonorant complètement pour notre pays.

Rajoelina est-il si soumis aux bottes des auteurs de ces actes pour ne pas avoir la moindre réaction ? A-t-il tellement peur pour lui-même qu’il soit aussi muet devant de tels actes contraires aux droits de l’homme et de la dignité humaine ? Le changement qu’il a promis consistait-il à ramener notre pays dans un État de non droit total au nom de son maintien au pouvoir ?

J’appelle la Ministre de la Justice, qui est à priori une femme de droit, à dénoncer publiquement ces actes. Sinon, à quoi cela sert-il un Ministère de la Justice ?

J’appelle toutes les autorités judiciaires (Justice, Police et Gendarmerie) à ne pas être complice de tels actes, de par tout simplement leurs fonctions, et que l’on ne fasse pas l’amalgame avec leurs fonctions et les auteurs de ces actes.

J’appelle de même les journalistes, les organes de presse, quelles que soient leurs opinions politiques de ne pas être complices du pouvoir dans ce genre d’exercice qui n’honore pas notre pays et nos valeurs.

J’appelle tous les malgaches à refuser et à dénoncer de tels actes pour que notre pays ne recule, à la veille de ces 50 ans d’indépendance, vers des pratiques moyenâgeuses.

J’en appelle enfin à la France et autres pays étrangers, qui font ce qu’ils peuvent pour essayer de faire revenir l’ordre, à ne pas cautionner les actes de ce régime dans ce non respect de la dignité humaine. Pour cela, je les exhorte à dénoncer ces actes contraires aux droits de l’homme.

J’ai du mal à imaginer comment un pays comme la France, que nous admirons tous dans sa lutte en faveur des droits de l’Homme partout dans le monde, puisse continuer à soutenir ce régime en ne dénonçant pas publiquement ce genre d’actes.

J’ai du mal à imaginer qu’un Président de la République Française et en particulier Bernard Kouchner, symbole de lutte pour les droits de l’Homme et initiateur au nom du droit d’ingérence, puissent rester muets devant de tels actes.

J’ai les larmes aux yeux quand je vois que dans mon pays, aucune autorité au pouvoir ne réagit à ce genre d’actes comme si c’était banal de bafouer la dignité humaine.

J’ai envie de pleurer car je me dis que nos enfants, tous ces enfants que nous voyons dans notre pays, auront du mal à être un jour dans un pays où les notions de base de la dignité humaine ne soient pas que de la littérature.

Amen.