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Léonard de Vinci et ses machines fantastiques, par: Daniele Mariani

Mais où Léonard de Vinci puisait-il son inspiration pour dessiner ses machines fantastiques? Le Musée d’histoire naturelle de Neuchâtel propose de découvrir les rêves et les réalisations de cet artiste et scientifique de la Renaissance, fin observateur de la nature et du règne animal.

Imiter les oiseaux et s’envoler dans les airs. Tel était l’un des grands rêves de Léonard de Vinci, comme en témoignent ses dessins et plans de parachutes, d’ailes. De même que le fameux ornithoptère, que l’inventeur toscan a légué à la postérité par ses célèbres codes.

«Toute sa vie, sa plus grande obsession a été celle d’être le premier homme à voler», explique Gabriele Niccolai, en présentant les modèles de bois exposés au Musée d’Histoire naturelle de Neuchâtel.

Depuis plus de quarante ans, son père Carlo tente de reproduire les engins de Léonard de Vinci, en s’appuyant sur les esquisses du génie. Un travail considérable, car déchiffrer l’écriture du scientifique florentin n’a rien de facile.

Léonard de Vinci, qui était gaucher, écrivait de gauche à droite (le musée a d’ailleurs installé des miroirs pour permettre aux amateurs de tenter de déchiffrer ses codes). «De plus, Léonard de Vinci ne rédigeait jamais de projet final, pour éviter d’être copié», ajoute Gabriele Niccolai.

L’art du détail

«Dans un premier temps, de Vinci avait tenté d’imiter les oiseaux, en projetant des machines dotées d’ailes mécaniques articulées par la force humaine», explique Christophe Dufour, conservateur du musée. «Par la suite, en analysant le vol des rapaces, il s’est tourné vers le deltaplane».

Léonard de Vinci, comme il l’écrivait d’ailleurs lui-même, avait compris que le poids de l’homme pouvait être porté par les airs, grâce à une grande envergure d’aile.

«Précurseur de la dynamique des fluides, il est aussi le premier à découvrir que le courant des airs présente des analogies avec celui de l’eau notamment», précise Gabriele Niccolai.

Mais ce qui frappe le plus chez Léonard de Vinci, c’est le soin du détail. L’inventeur ne se préoccupait pas seulement de pouvoir voler, mais aussi de la gestion même du vol. Il avait également conçu un inclinomètre et un anémomètre afin de contrôler la position de ses engins volants et déterminer la direction du vent.

Pionnier de la bionique

L’exposition présentée à Neuchâtel, divisée en quatre sections (mécanique, vol, hydraulique et machines de guerre), suit un fil rouge qui est l’inspiration que Léonard de Vinci trouvait dans l’observation de la nature et du règne animal.

Cet aspect se retrouve non seulement dans ses machines volantes, mais aussi au travers de nombreuses autres inventions. Ainsi, avant de mettre au point des embarcations équipées d’armes à feu, Léonard de Vinci s’était inspiré de l’ingénierie navale romaine pour un projet de bateau sur lequel était monté une énorme faux, pour déchiqueter la voilure des embarcations ennemies.

«Il l’avait baptisée «escorpio» mais ne s’était pas inspiré du scorpion uniquement», précise Gabriele Niccolai, en pointant le doigt vers le mouvement de la faux, qui rappelle le battement d’une aile d’oiseau.

En observant la plus grande rapidité des poissons dont le corps est allongé, Léonard de Vinci avait aussi imaginé des projectiles de canon de forme ogivale, qu’il avait doté d’ailettes.

L’étude de l’anatomie l’a ensuite conduit à mettre au point un chevalier-automate qui devait exécuter des mouvements proches de ceux de l’être humain. Cet ancêtre des robots modernes servait vraisemblablement à animer les fêtes célébrées à la cour des Sforza de Milan.

Cinq siècles avant l’invention du «velcro» et des combinaisons de bain en polyuréthane pour imiter la peau des requins – inventions rappelées sur les affiches accrochées le long de l’exposition – Léonard de Vinci incarnait une sorte de pionnier de la bionique, du nom de ce domaine de la science qui se base sur l'étude des systèmes biologiques pour le développement de systèmes non biologiques susceptibles d'avoir des applications technologiques.

Intuitions géniales

«Evidement, pour l’essentiel, les projets de Léonard de Vinci étaient voués à l’échec et certains d’entre eux étaient même carrément délirants», rappelle Christophe Dufour, en désignant un dispositif qui devait permettre à l’homme de marcher sur l’eau.

«Nous ignorons combien de ces machines ont réellement été construites. Mais parfois, Léonard de Vinci esquissait ses idées surtout pour montrer jusqu’où pouvait aller son imagination», ajoute Gabriele Niccolai.

Des idées et des intuitions qui pouvaient néanmoins s’avérer géniales, comme en témoigne l’exemple du pont à encastrement, qui pouvait être érigé «sans fer ni cordes», et que les visiteurs de l’exposition de Neuchâtel pourront tenter d’assembler. Il y a aussi cet engrenage qui permettait de varier la vitesse de rotation, une sorte d’ancêtre de la boîte à vitesse de l’automobile ou des premiers roulements à billes.

Sans oublier aussi son célèbre parachute, qui a été testé il y a quelques années en Australie et qui, malgré quelques défauts, a démontré une certaine efficacité.

Peu importe, au fond, qu’il ait ou non achevé ses travaux. L’historien de l’art Giorgio Vasari, l’avait compris avant l’heure: «On voyait bien que Léonardo, au nom de l’intelligence de l’art, entamait de nombreuses choses qu’il ne terminait jamais car il lui semblait que tout ajout n’aurait guère conduit à la perfection qu’il imaginait…».

Daniele Mariani, swissinfo.ch
(Traduction de l'italien: Nicole della Pietra)