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Le costume religieux : un signe subversif ? par Raymond Gravel

Dans Le Devoir du 11 février dernier, on avait droit à un cours de sociologie du vêtement 101, par l’anthropologue athée Daniel Baril, qui affirmait que le costume religieux n’est pas insignifiant sur le plan symbolique et qu’il doit être interdit dans la fonction publique.

Il écrit : «Le langage non verbal du vêtement religieux ou signe distinctif exprime le fait non seulement que la personne est croyante, mais aussi qu’elle professe telle ou telle religion, avec tout son système de valeurs et de croyances, et qu’elle en fait une interprétation fondamentaliste puisqu’elle place son appartenance religieuse au-dessus de sa fonction professionnelle». Il est vrai que le costume religieux identifie le porteur, mais en quoi est-ce automatiquement une interprétation fondamentaliste que de signifier son appartenance religieuse? Le costume religieux serait-il devenu subversif? Qu’on exige la neutralité de l’État est une chose, mais qu’on oblige les personnes qui y travaillent à faire semblant de l’être, c’est hypocrite et abusif. Nul besoin d’un costume pour pratiquer l’endoctrinement et le prosélytisme.

Dans une société laïque comme la nôtre, peut-on porter un costume ou un signe religieux sans nier la neutralité de l’État et sans enfreindre la liberté des autres? Je crois que oui ! C’est évident que le vêtement ou le signe arborés doivent répondre à certains critères de sécurité et de transparence; par ailleurs, on ne peut imposer ni interdire le port d’un costume, sous prétexte que celui-ci n’exprime pas le modèle social attendu et que les usagers des services publics n’ont pas à être soumis à ce langage non verbal signifié par le costume.

Personnellement, je me méfie davantage du langage verbal des intégristes religieux ou laïques qui font preuve d’intolérance envers tous ceux et celles qui ne partagent pas leurs vues. Sur le sujet, j’appuie le manifeste pour un Québec pluraliste qui reconnaît que l’interdiction de signes et de vêtements religieux de la part des représentants de l’État ne répond à aucune nécessité sociale et serait même disproportionnée par rapport aux objectifs de neutralité des services publics. On peut déplorer certains costumes qui nous apparaissent rétrogrades et inesthétiques : le voile islamique, le turban sikh, la soutane des prêtres, la cornette des sœurs catholiques ou encore l’accoutrement des juifs hassidiques, mais les interdire produirait exactement le contraire du but recherché : ça inciterait plus de gens à les porter.

Les costumes et les signes religieux que l’on porte au Québec sont inoffensifs, lorsqu’ils ne sont que des symboles religieux. Là où ils deviennent subversifs, c’est lorsqu’ils sont utilisés à des fins politiques, par des intégristes qui s’opposent à la laïcité de la société québécoise et qui nient les valeurs culturelles et religieuses de la majorité. Sans même s’en rendre compte, le laïciste Daniel Baril fait le jeu de ces intégristes en voulant retirer tout symbole religieux traditionnel de l’espace public. Comme le dit bien Marc Lebuis, dans un article du Devoir du 15 février : «Le problème actuel, au Québec et encore plus ailleurs, ce n’est pas la religion en général, mais bien l’Islam politique, une idéologie rétrograde aux visées clairement expansionnistes et aux ambitions totalitaires». C’est pourquoi le crucifix sur le mur de l’Assemblée nationale n’est pas dangereux; mais l’endoctrinement idéologique de certains mouvements politico-religieux l’est beaucoup plus. Peut-être que M. Baril pourrait s’y intéresser !