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L’antichristianisme: une nouvelle religion, par: Ernesto Galli Della Loggia

“Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât une meule au cou et qu’on le jetât au fond de la mer” (Matthieu 18, 6)

Le discours public des sociétés occidentales au sujet du christianisme est de plus en plus souvent méprisant, voire ouvertement hostile. A l’indifférence qui était la règle jusqu’à il y a quelques années se substitue progressivement une agressivité délibérée. Célibat des prêtres, sexisme, pédophilie, autoritarisme de la ­hiérarchie, manipulation de la figure du Christ, altération des textes fondateurs, complicité dans la persécution des Juifs, spéculations financières, mépris des femmes, homophobie, soutien au fascisme, hostilité à l’usage des préservatifs et appui de facto à la diffusion du sida, méfiance envers la science, dogmatisme et donc intolérance congénitale : la liste des chefs d’accusation est presque infinie. Mais depuis quelque temps s’y ajoute quelque chose qui contribue à donner à ces charges un poids et un sens différents, un impact plus large et plus destructeur, en finissant par les regrouper toutes dans une seule et même attaque. Ce quelque chose est un radicalisme emphatique nourri d’acrimonie, une objection de principe, une récrimination outragée et péremptoire. Tout cela laisse présager un règlement de comptes historique. Ce qui frappe le plus, en effet, dans la situation actuelle – et pas seulement pour qui est croyant mais aussi, et peut être encore plus pour qui, à l’instar de l’auteur de ces lignes, ne l’est pas –, c’est surtout l’évidence idéologico-culturelle de la position antichrétienne, sa diffusion facile, y compris dans les couches sociales populaires. Plus personne ne pardonne plus rien aux prêtres, à l’Eglise, au christianisme. On dirait – j’exagère, mais à peine – que désormais, dans nos sociétés, le sens commun de la majorité est en train de devenir antichrétien.

Parmi les motifs nombreux et assez complets qui sont derrière cette grande transformation de l’esprit public, en voici trois qui me paraissent assez significatifs. D’abord, la naïveté moderniste. On aime à se penser complètement moderne, et la modernité semble vouloir dire que les seules limites légitimes sont celles que nous nous fixons. Ensuite, les vieilles autorités sont toutes mortes et seule la science a le droit de prendre leur place. Nous sommes enfin capables de nous autoadministrer, plus besoin d’aucune transcendance pour nous dire où est le bien et où est le mal. A quoi peuvent bien servir la religion et ses commandements, les prêtres et leurs interdictions ? Et, enfin, le cynisme, c’est-à-dire ce fond vaseux qui s’agite sous la naïveté moderniste. Ce cynisme qui sait comment fonctionne le monde et qui, par conséquent, n’y croit pas une seconde ; qui, dès qu’il entend prêcher le bien, suspecte immédiatement le mal. Ce féroce trait national qui par principe ne peut croire en aucune chose qui cherche la lumière, qui vise au-delà et garde le regard vers le haut, parce qu’il a toujours besoin de tout rabaisser à sa bassesse.