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Islam et socialisme

Source: Mediapart

Historiquement le pouvoir politique et le pouvoir religieux ont été étroitement associés tant dans les royaumes chrétiens que musulmans.

Dans le christianisme, idéologiquement plus complexe que l'islam, cette association a nécessité l'intermédiaire d'un clergé hiérarchique, l'église, alors que pour l’islam, les deux pouvoirs ont été beaucoup plus directement associés (califat). Globalement le résultat a été à peu près le même : ce sont à la base des chefs de guerre qui ont exercé de façon héréditaire le pouvoir à la fois par la force matérielle mais aussi plus ou moins directement par la force spirituelle. Ainsi les populations ont été soumises par le fer et par la foi. Ces chefs se faisant la guerre entre eux justifiaient la sécurité qu'ils étaient censés assurer à leurs sujets, de cette façon le système s’ est auto entretenu pendant des siècles.

Comme dans le christianisme l'altruisme est considéré comme une vertu essentielle pour l'islam où la charité est obligatoire et même assimilable à un impôt. Pour les deux religions la richesse et l'argent sont assez méprisables mais elles n'ont jamais été condamnées avec suffisamment de fermeté, laissant prospérer à travers les siècles l'inégalité et l’injustice sociale, l’exploitation de l’homme par l’homme.

Cette façon de se ranger du côté des puissants avec cette ambigüité était certainement nécessaire pour leur survie.

Avec le XIXe siècle la révolution industrielle en Europe va bouleverser les rapports sociaux et donnera naissance au socialisme et ses avatars. L’aventure coloniale qui accompagne cette révolution va produire une très grande humiliation pour les peuples qui donnera naissance à son tour à des mouvements émancipateurs et nationalistes. C'est ainsi que le nationalisme arabe sous l'appellation socialiste permettra un retour à l'indépendance et l'annexion des biens coloniaux au nom du socialisme. Mouammar Khadafi, Ali Bhuto, Houari Boumedienne, se sont inspirés des écrits de Moustapha Siba’i qui montrait que la collectivisation des biens n’étaient pas contraires aux préceptes du Coran. Mais ces mouvements finiront pour la plupart dans des régimes autoritaires plus ou moins militaires, pérennisant l’injustice sociale et l'échec économique.

Aujourd’hui, s'appuyant sur ces échecs les musulmans radicaux préconisent un retour aux vertus traditionnelles de l'Islam en particulier dans le domaine de la solidarité et de la charité. Là où ces mouvements ont pu exercer le pouvoir on ne peut pas dire que les bilans sociaux et économiques aient été très brillants (Afghanistan, Soudan, Iran…). Ailleurs violences et guerres civiles n’ont pas été plus convaincantes.

Dans les pays musulmans où la réussite économique est indiscutable (Turquie,Indonésie) et qui se réclament de la laïcité, les valeurs du capitalisme et leurs inégalités sociales n’ont pas été très influencées par les valeurs de l'Islam.

Dans les pays arabes ou les pétrodollars coulent à flots l'utilisation des richesses par les classes dominantes ne fait pas spécialement honneur à Mahomet.

Un peu partout dans la société marchande apparaissent des produits destinés à la consommation spécifique des musulmans, ce « capitalisme halal » est le produit d’un marketing religieux assez caricatural.