Intelligence économique ou espionnage - Durcir les sanctions contre les voleurs d'informations

Source: Lefigaro.fr

INTERVIEW - Olivier Buquen, le délégué interministériel à l'intelligence économique, détaille les grands chantiers qu'il a lancés depuis sa prise de fonction, en septembre2009. Avec pour objectif de mieux armer les entreprises françaises pour faire face à cette nouvelle compétition mondiale.

LE FIGARO -Quel est votre champ d'action?
Olivier Buquen - Nos missions s'inscrivent dans les domaines de l'intelligence économique où l'État apporte une valeur ajoutée: la veille, le soutien à la compétitivité et la sécurité économique. Nous alertons les chefs d'entreprise sur les méthodes qui peuvent leur permettre d'être plus compétitifs au sein de l'économie mondiale, et sur les menaces qui les guettent, tout en proposant des parades simples. Nous suivons l'évolution des normalisations, en particulier au niveau européen. Nous effectuons également un travail de veille des pépites de notre économie. Nous recommandons l'intervention de l'État pour soutenir financièrement certaines entre­prises jugées d'importance nationale: des fonds d'investissement publics peuvent prendre une participation au capital pour faire barrage à des intérêts étrangers qui pourraient être hostiles. Nous étudions enfin des dossiers présentés par le chef de l'État et le premier ministre sur tous types de sujets, allant d'atteintes graves à l'image d'une entreprise via les réseaux sociaux, au soutien à des entreprises stratégiques en difficulté.

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Faut-il faire évoluer la législation sur le secret d'affaires?
Oui: il faut renforcer la protection des informations stratégiques des entreprises françaises. Pour cela, nous allons donner un cadre simple aux chefs d'entreprise pour organiser cette protection, et durcir les sanctions auxquelles s'exposent ceux qui utilisent ces informations au détriment des entreprises. Nous présenterons bientôt un texte de loi, qui aura vocation à être examiné par le Parlement. Il prévoira notamment des poursuites pénales et civiles à l'encontre de quiconque vole ou divulgue les informations clés d'une entreprise.
Quelles sont vos autres priorités?
Pour aider les entreprises et les laboratoires de recherche à se protéger, nous développons un outil leur permettant de mesurer leur degré de vulnérabilité aux risques, qu'ils visent le capital, la réputation, ou encore les actifs ou la R&D.Cet outil facile d'utilisation, adapté à toutes tailles d'entreprises, sera diffusé courant 2011, et permettra de mesurer le niveau de protection, de comparer ce niveau à celui de concurrents du même secteur d'activité, et de formuler des préconisations adaptées à chaque cas. Il s'agira d'une première! Nous rédigeons également un guide de bonnes pratiques qui sera distribué aux chercheurs l'an prochain. Pour les scientifiques, l'ouverture, la communication et l'échange sont indispensables. Mais ils doivent dans le même temps protéger leurs découvertes pour qu'elles puissent être développées en production par des entreprises françaises ou européennes en priorité. En cas de financement public de ces programmes, la France est en droit d'attendre un retour sur investissement.