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Hommage au R.P. Antoine Adrien

Mots-clés: Père Antoine Adrien
(Bien chers tous, voici un article que j’avais publié en 2003 dans le journal de mon association, à l’occasion du décès du Père Adrien. Je l’ai un peu modifié en l’adaptant, pour le publier sur le site Pikliz. Autant le publier sur notre blog, avec les photos qui ne figurent pas sur le site Pikliz)

Père Antoine Adrien
Pour avoir fait toutes mes études, de la classe de 11ème (Cours Préparatoire) à la Terminale (Philo), au Petit Séminaire Collège Saint-Martial, j’ai très bien connu le Père Antoine Adrien qui est décédé le 12 mai 2003. Je retiens de lui, par-dessus tout, sa bonté et sa droiture.

Avant de devenir, en 1968, le premier Supérieur de nationalité haïtienne du Petit Séminaire Collège Saint-Martial, il assurait l’animation de la section sportive et de la chorale au sein de l’établissement, tout en étant responsable de l’enseignement de l’histoire d’Haïti et de l’histoire générale. Je dois au Père Adrien mon goût pour l’histoire.

Quiconque a assisté, assis à proximité immédiate du Père Adrien, à un match de football ou de volley-ball disputé par l’équipe du Petit séminaire, a eu droit à sa ration de coups de pieds et de coups de coudes qu’involontairement il distribuait autour de lui. Bien qu’installé sur les gradins, il vivait la partie avec la même passion intense que les joueurs sur le terrain.

Ses colères étaient redoutables mais jamais empreintes de méchanceté. Je peux témoigner l’avoir entendu menacer de mort un récidiviste de la fausse note lors d’une répétition de la chorale. Une fois qu’il avait obtenu ce qu’il recherchait, c’était comme s’il ne s’était point fâché quelques minutes plus tôt.

Quels qu’aient été les engagements politiques du Père Adrien, c’étaient ceux d’un homme honnête. Sa probité innée et sa générosité naturelle lui imposaient d’être sincère avec lui-même et avec les autres. Sa ligne de conduite n’a varié en aucune occasion. Il travaillait au bien-être des autres, sans soucier du sien. Il était un homme d’église, mais il était ouvert et tolérant tant que l’on ne portait pas atteinte à ses convictions.

Il y a quarante, c’était le 15 août 1969, le régime de François Duvalier accusa les prêtres de la Congrégation du Saint-Esprit qui tenaient le Petit Séminaire, de menées subversives de nature communiste et décida de les expulser d’Haïti. Le Père Adrien qui était à l’étranger à ce moment, bien entendu ne rentra pas au pays. Son exil dura dix-sept ans.

A cette occasion, beaucoup d’élèves quittèrent le Petit Séminaire. Ceux qui comme moi étaient en section "A", y poursuivirent leur cursus. C’était une des rares écoles à maintenir cette section. J’entrais en Première (Rétho).

En fouinant avec quelques camarades, comme nous le faisions souvent, dans un bureau abandonné, je me suis approprié le premier passeport du Père Adrien. Je l’ai conservé jalousement comme une relique, me promettant de le restituer un jour à son propriétaire.

J’avais eu l’occasion, au téléphone, de souhaiter un bon anniversaire au Père Adrien, le 22 janvier 1998. Dans la conversation j’ai fait allusion à quelque chose qui lui appartenait et que je comptais lui remettre à l’occasion d’une prochaine visite en Haïti. Je ne suis pas rentré en Haïti avant son décès…

Les anciens élèves du Petit Séminaire Collège Saint-Martial qui verront les images de ce passeport éprouveront, j’imagine, la même émotion que je ressens à les publier. Et puis à travers cette courte évocation de la mémoire du Père Adrien, chacun se rappellera une anecdote ou un souvenir qui l’aura marqué. Nul ne pouvait pas avoir côtoyé le Père Adrien sans ressentir en cet homme une humanité peu courante.

Je dis ici ma fierté d’avoir croisé le chemin de cet homme. Ils sont sûrement nombreux ceux qui se reconnaîtront dans mes propos…

Paris, novembre 2009

Jacques LEON-EMILE
Eklablog.com