Haïti : des vols d'enfants à la "traite des blanches"?

Le Salvador enquête sur l'avocat des Américains accusés de vols d'enfants en Haïti : il pourrait être connu dans ce pays sous une autre identité, celle d'un homme soupçonné de diriger un réseau international de prostitution.

L'avocat représentant les dix Américains accusés de vol d'enfants en Haïti risque de ne guère leur porter chance. Il fait lui-même l'objet de soupçons peu flatteurs. La police salvadorienne a annoncé samedi qu'elle enquêtait sur son compte ; elle cherche notamment à vérifier si cet avocat n'est pas recherché sous une autre identité au Salvador pour traite des blanches.

Près d'un millier de petits Haïtiens sont concernés par des procédures d'adoption en France. Depuis le séisme, seuls 371, dont les parents avaient obtenu un jugement d'adoption, sont arrivés. Les familles veulent accélérer les procédures.

Jorge Anibal Torres Puello a été présenté jusqu'à présent comme un avocat ressortissant de la République dominicaine, chargé de représenter les Américains. Mais après avoir vu des photos dans les médias internationaux, la police salvadorienne se demande s'il ne s'agit pas en fait de Jorge Torres Orellana, un Salvadorien de 32 ans, accusé de diriger un réseau international de prostitution, qui recrutait des adolescentes et des jeunes femmes caribéennes et centraméricaines en leur faisant croire qu'elles travailleraient comme mannequins.

"Je n'ai rien à voir avec le Salvador"

"Nous ne pouvons pas confirmer qu'il s'agit de la même personne tant que nous n'aurons pas fini d'analyser les empreintes digitales", précise la police dans un communiqué diffusé après la publication d'un article dans le New York Times. Elle ajoute qu'elle collabore avec Interpol dans cette affaire. L'organisation de coopération policière internationale a indiqué samedi avoir émis un mandat de recherche contre Orellana.

Puello se trouvait cette semaine à Port-au-Prince pour l'une des auditions des missionnaires américains poursuivis pour l'enlèvement de 33 enfants haïtiens peu après le séisme qui a dévasté le pays le 12 janvier. "Je n'ai rien à voir avec le Salvador", a-t-il simplement déclaré au New York Times, en assurant que son nom était courant en Amérique latine.

Les dix Américains ont été inculpés la semaine dernière d'enlèvement de mineurs et d'association de malfaiteurs, après avoir été arrêtés au moment où ils s'apprêtaient à passer par la route en République dominicaine avec les enfants. Ils ont expliqué avoir agi avec de bonnes intentions, croyant que les enfants étaient orphelins. Mais certains parents ont rapporté avoir conclu avec eux un accord pour leur laisser les enfants. La justice haïtienne doit se prononcer prochainement sur le sort de ces missionnaires détenus dans un commissariat de Port-au-Prince depuis le 29 janvier.