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Géographie générale - Salvador



Capitale:  San Salvador
Population: 6,7 millions (2005)
Langue officielle: espagnol
Groupe majoritaire: espagnol (92,3 %)
Groupes minoritaires:  langues amérindiennes (0,8 %: lenca, kekchí et pipil) et quelques langues immigrantes
Système politique: république unitaire formée de 14 départements
Articles constitutionnels (langue): art. 62 de la Constitution de 1983 révisée en 2000
Lois linguistiques:  décret no no 917 de 1998 ou Ley General de la Educación (Loi générale sur l'éducation); Convention no 107 de l'Organisation internationale du travail (OIT).


1 Situation géographique 

La république du Salvador (en esp.: República de El Salvador) est un pays du nord-est de l’Amérique centrale. Le Salvador est limité au nord et à l’est par le Honduras, au sud par l’océan Pacifique et à l’ouest et au nord-ouest par le Guatemala. Sa superficie totale est de 21 041 km² (Belgique: 30 527 km²), ce qui en fait le plus petit État latino-américain et le seul d'Amérique centrale à ne pas avoir d’ouverture sur la mer des Caraïbes. San Salvador, avec ses 450 000 habitants (1,5 million avec l’agglomération) est la capitale et la plus grande ville du pays. Suivent Santa Ana (228 000 habitants), centre d’une région agricole prospère, et San Miguel (180 000 habitants). Le pays est divisé en 14 départements: San Salvador (1,8 million), La Libertad (515 000), Santa Ana (465 000), San Miguel (405 000), Sonsonate (365 000), Usulutan (315 000), Ahuachapan (290 000), La Union (260 000), La Paz (250 000), Chalatenango (180 000), Cuscatlan (180 000), Morazan (165 000), San Vicente (145 000), Cabanas (140 000).

2 Données démolinguistiques

En 2005, la population du Salvador était de 6,7 millions d'habitants, 1,7 million (25,3 %) dans la capitale et 2,8 millions (42 %) dans les zones rurales.

Amérique Centrale: population indigène en 1992
( selon les pays)
   Population indigène (millions) % de la population totale
Total 6,76 26
Belize 0,03 19
Costa Rica 0,03 1
El Salvador 0,40 10
Guatemala 5,30 66
Honduras 0,70 7
Nicaragua 0,16 5
Panama 0,14 6
Source: Organización Panamericana de la Salud (Organisation panaméricaine de la santé), 1998.
Les Salvadoriens forment un peuple formé majoritairement de Métis appelés Mestizos (89 %), et de deux minorités, les indigènes (10 %) et les Blancs (1 %). En regard des autres pays d'Amérique centrale (avec le Belize et le Guatemala), la population indigène apparaît comme relativement importante. 
Quant aux langues en usage, c'est l'espagnol qui s'avère la langue dominante, avec 92,3 % de la population qui l'utilise comme langue maternelle. 
Les langues minoritaires sont peu nombreuses. D'une part, il s'agit des langues amérindiennes suivantes: le lenca (0,6 %), une langue non classée, le kekchí (0,2 %), une langue maya, et le pipil (ou nahuatl) une langue uto-aztèque en voie prochaine d'extinction (20 locuteurs en 1987). D'autre part, le pays compte aussi des langues immigrantes (4,6 %).
Cela signifie que les autochtones forment un ensemble de 600 000 individus (10 % de la population), mais que seule une petite minorité parle encore une langue ancestrale (0,8 %). Par exemple, la population des Pipil atteint aujourd'hui les 280 000 personnes, mais ceux qui parlent le pipil se comptent sur les doigts d'une main. En réalité, les langues amérindiennes du Salvador sont toutes en voie d'extinction. Pourtant, la publicité gouvernementale laisse croire qu'un grand nombre d'autochtones parle encore les «dialectes ancestraux»: «En el interior, un gran porcentaje de la población habla los dialectos ancestrales.» Diverses études montrent que les inégalité sociales affectent les peuples indigènes du Salvador: espérance de vie réduite, faible accès à l'éducation, taux plus élevé de décrochage scolaire, mortalité infantile et maternelle, malnutrition, pauvreté endémique, etc. 
Le Salvador compte aussi des étrangers, notamment des Arabes (env. 1500), des Chinois (1700), des Turcs (700), mais aussi beaucoup de Latinos-Américains (au moins 10 000) en provenance des pays voisins.

3 Données historiques

Avant l'arrivée des Européens, plusieurs civilisations amérindiennes s'étaient épanouies dans l’actuel Salvador. À l'origine, étaient peuplée d'Amérindiens papils, un peuple nahuatl (uto-aztèque) qui avaient émigré vers 3000 avant notre ère. Vers le XIe siècle avant notre ère, les Papils avaient fondé des principautés fédérées en deux grands États. À cette époque, le territoire actuel du Salvador comptait trois royaumes indigènes:

1) le royaume de Payaquí au nord, d'origine maya, correspondant aux départements de Santa Anna (le nord) et de Chalatenango;
2) le royaume de Cuzcatlan à l'ouest, une population pipile, correspondant aux départements de Usulutan, San Miguel, Morazan et La Union;
3) la principauté de Najochan à l'est, d'origine maya et lenca, correspondant aux autres départements.
Au XVIe siècle de notre ère, les Papils furent intégrés dans l'empire maya. Le territoire maya  correspondait alors à la partie sud du Mexique (Yucatan), ainsi que le Guatemala, le Belize et une partie du Honduras et du Salvador. Mais ce qu’on appelle l’empire maya n’a jamais existé: chacune des cités-États formait un petit royaume en soi, lesquelles se faisaient souvent la guerre. Les mœurs, les coutumes sociales, les rites religieux et les langues se ressemblaient, mais ne formaient aucune unité. Cet éparpillement à la fois géographique et social a favorisé la fragmentation linguistique, alors que les langues proviennent toutes d’une même souche. Ces langues ont tellement évolué différemment que leurs locuteurs aujourd’hui (environ deux millions) ne peuvent plus se comprendre entre eux. Les Mayas avaient développé une écriture complexe, à la fois idéographique (symboles exprimant une idée) et phonétique (symboles représentant des sons), avec des variantes régionales qui compliquent le décryptage (encore mal résolu).
3.1    La colonisation espagnole
C'est l’Espagnol Pedro de Alvarado, un lieutenant de Cortès, qui tenta la conquête du territoire 1524; le Salvador était alors appelé Cuscatlan. Alvarado se heurta à une forte résistance de la part des Papils; vaincus à plusieurs reprises, les Espagnols se replièrent au Guatemala. Mais l'expédition de 1528 réussit à vaincre définitivement les Papils, dont plusieurs se réfugièrent dans les montagnes. Les peuples indigènes furent ensuite pratiquement tous décimés par les guerres et les maladies. Après avoir cru trouvé de l'or en abondance au Salvador (du nom de la fête du jour: le «Rédempteur»), les Espagnols déchantèrent et se contentèrent de l'exploitation foncière du territoire. 
C'est pourquoi le Salvador fut placé en 1542 sous la juridiction de la Capitainerie générale du Guatemala. Au cours de cette période, les autorités espagnoles mirent en place le système des encomiendas («colis), c'est-à-dire l'attribution de vastes terres aux colons. Ces derniers avaient le pouvoir de prélever un tribut sur les autochtones établis sur leurs juridictions. Ce système abusif fut remplacé dès la fin du XVIe siècle par celui du repartimiento dans lequel les représentants des autorités espagnoles étaient chargés de réglementer l'attribution aux travailleurs autochtones, de petits lopins de terre à cultiver, ce qui instaurait un système un peu plus équitable de «production pour l'exportation contre culture de subsistance».
À la suite de la conquête, les Espagnols entreprirent de convertir les indigènes à la religion catholique et à la culture européenne. Les ordres religieux, notamment les franciscains et les dominicains, collaborèrent étroitement avec les autorités espagnoles pour évangéliser les indigènes. Les Espagnols épousèrent aussi des indigènes et donnèrent naissance aux Mestizos actuels. Par la suite, la classe des Peninsulares (les colons nés en Espagne) constitua l'élite qui méprisa souverainement les Criollos (Métis) aux dépens des autochtones les conditions de vie continuèrent de se dégrader. 

3.2 De l'union centraméricaine à l'indépendance
Après deux tentatives infructueuses, en 1811 et en 1814, le Salvador accéda provisoirement à l’indépendance en 1821, mais pour être aussitôt englobé dans l’empire du Mexique d’Agustín de Iturbide. En 1823, après l’effondrement de cet empire éphémère, le Salvador et ses voisins formèrent, le 1er juillet de la même année, une république fédérative indépendante portant le nom de Provincias Unidas del centro America (Provinces-Unies d'Amérique centrale, de 1823 à 1839) et comprenant les États du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua, du Salvador et de Costa Rica. Les dissensions entre deux factions politiques — les libéraux et les conservateurs — apparurent peu après et chacune voulut prendre le contrôle du gouvernement récemment formé.  Des guerres éclatèrent entre les États de la fédération et les factions rivales. Puis le pays se disloqua en 1839 pour former cinq nouveaux États indépendants: le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica. Le Salvador put proclamer son entière souveraineté en 1841. 
3.3 Le Salvador indépendant (1841)
Pendant plusieurs décennies, le pays fut le théâtre d'une succession de conflits entre libéraux et conservateurs. Ce fut une période de guerre civile en quasi-permanence entre les deux factions politiques qui faisaient régulièrement appel aux forces armées des pays voisins pour renverser le gouvernement salvadorien. La culture du café devint la base de l’économie du Salvador, mais la crise de 1929, responsable de l’effondrement des cours du café, rendirent plus aigues les tensions sociales. En 1931, un soulèvement paysan dans l’ouest du pays fut réprimé dans le sang (30 000 morts) par le général Maximiliano Hernández Martínez, qui devint dictateur du pays jusqu’en 1944; il pratiqua durant ces années une politique dictatoriale fascisante. Puis les militaires continuèrent de diriger le Salvador jusqu’au début des années quatre-vingt.
En 1969, le Salvador entra en conflit avec le Honduras. À ce moment, il y avait au Honduras une présence illégale de quelque 300 000 travailleurs salvadoriens. Au cours des années soixante-dix, un double mouvement d’opposition vit le jour : le Frente Farabundo Martí para la Liberación Nacional, soit le Front Farabundo Martí de libération nationale (FFMLN), d’inspiration marxiste, qui lança des actions de guérilla, alors qu’une coalition dirigée par le démocrate-chrétien José Napoleón Duarte privilégia la voie électorale pour obtenir des réformes. Vainqueur de l’opposition à l’élection présidentielle de 1972, Duarte fut immédiatement contraint à l’exil, et le pays demeura aux mains des militaires. 
La situation resta troublé sous le régime répressif du général Carlos Humberto Romero Mena (1977) qui réprima durement toute opposition, tandis que les «escadrons de la mort», des milices paramilitaires au service du parti d’extrême- droite, l'ARENA (Alianza Republicana Nacionalista ou Alliance républicaine nationale, semèrent la terreur dans le pays. En 1979, un coup d’État dirigé par une junte composée de militaires et de civils permit à Duarte d’accéder à la tête de l’État l’année suivante, sans pour autant ramener le calme entre les guérilleros du FFMLN et l’armée salvadorienne, désormais soutenue financièrement par les États-Unis. 

 La guerre civile débuta en janvier 1981. Le FMLN, recevant un appui du Front sandiniste de libération nationale du Nicaragua et indirectement du régime de Fidel Castro (Cuba), s'engagea pleinement dans un conflit armé, ce qui lui permit, entre autres, de contrôler certaines régions comme le Morazan et d'alimenter une guérilla urbaine. Pour avoir défendu les paysans, l'archevêque de San Salvador, Mgr Oscar Romero, proposé pour le prix Nobel de la paix, fut assassiné dans sa cathédrale en mars 1980 par les Escadrons de la mort. 
Après deux années de présidence intérimaire, les élections portèrent au pouvoir, le 6 mai 1984, un candidat chrétien-démocrate soutenu par les États-Unis, José Napoleón Duarte.
La victoire de la démocratie chrétienne lors des élections législatives du 31 mars 1985 suscita de l'espoir, mais la violence politique continua et la guerre civile s'intensifia. Celle-ci fit au moins 100 000 morts en dix ans et paralysa totalement l’économie du pays. Durant cette période, les indigènes durent souvent se cacher, car ils étaient soupçonnés de collaborer avec la guérilla qui faisaient des ravages dans ces régions. Sans raison, l'armée salvadorienne a massacré beaucoup d'autochtones. 
Les négociations de paix entre le gouvernement et le FFMLN, entamées par Duarte, se poursuivirent après l’élection, en 1989, du candidat de l’ARENA, Alfredo Cristiani. Les deux parties acceptèrent la médiation des Nations unies et, après de longs mois de négociations difficiles, signèrent des accords de paix au Mexique sous l’égide de l’ONU, en janvier 1992 (traité de Chapultepec du 16 janvier 1992). La fin de la guerre fut officiellement proclamée en décembre 1992. 
3.4 Le Salvador après 1992
En vertu des accords de paix, les forces rebelles acceptaient de déposer les armes et de prendre part à la vie politique; elles se joignirent à une coalition de partis baptisée «Convergence démocratique». Tous les soldats rendus à la vie civile se sont vus proposer par l'État un lopin de terre ou une formation technique, afin de faciliter leur réinsertion dans la société après ces douze années de guerre civile. De plus, une «commission de la vérité» prépara un rapport sur les assassinats et les massacres les plus notoires de toute la guerre civile, alors qu'une autre commission purgea l'armée de ses officiers les moins «indésirables». Un procureur pour les droits de l'homme fut nommé par le gouvernement. Puis le Parlement vota une loi d'amnistie générale en mars 1993 et le FMLN devint un parti politique reconnu afin de participer aux futures élections. 
La transition vers une réconciliation nationale et la démocratie connut des ralentissements tout au long de l’année 1993, mais des élections eurent lieu comme prévu en avril 1994. Armando Calderón Sol, dirigeant de l’ARENA, fut alors élu à la tête de l’État. Aux élections législatives et municipales de mars 1997, l’ARENA recula au profit du FFMLN et ne garda qu’une étroite majorité relative. Le FFMLN remporta plusieurs dizaines de municipalités dont la capitale San Salvador.
Malgré un retour fragile à la démocratie, le Salvador n'est pas au bout de ses peines. Quelque 60 % des Salvadoriens ne font que survivre dans une grande misère, alors qu'une partie importante de la population demeure analphabète. L'adoption du dollar américain comme monnaie nationale n'a pas amélioré l'économie et a au contraire suscité des mouvements de colère dans la rue. Les relations avec les États-Unis sont restées très étroites. Les Américains ont contribué au «Plan de reconstruction nationale» à hauteur de 600 millions de dollars et demeurent le principal partenaire économique (60 % de part de marché) du pays. Le 15 mars 2009, le candidat du FMLN, Mauricio Funes, fut élu président du Salvador avec 51 % des voix, ce qui mit fin à vingt ans d'hégémonie de l'ARENA.La guerre civile débuta en janvier 1981. Le FMLN, recevant un appui du Front sandiniste de libération nationale du Nicaragua et indirectement du régime de Fidel Castro (Cuba), s'engagea pleinement dans un conflit armé, ce qui lui permit, entre autres, de contrôler certaines régions comme le Morazan et d'alimenter une guérilla urbaine. Pour avoir défendu les paysans, l'archevêque de San Salvador, Mgr Oscar Romero, proposé pour le prix Nobel de la paix, fut assassiné dans sa cathédrale en mars 1980 par les Escadrons de la mort. 
Après deux années de présidence intérimaire, les élections portèrent au pouvoir, le 6 mai 1984, un candidat chrétien-démocrate soutenu par les États-Unis, José Napoleón Duarte.
La victoire de la démocratie chrétienne lors des élections législatives du 31 mars 1985 suscita de l'espoir, mais la violence politique continua et la guerre civile s'intensifia. Celle-ci fit au moins 100 000 morts en dix ans et paralysa totalement l’économie du pays. Durant cette période, les indigènes durent souvent se cacher, car ils étaient soupçonnés de collaborer avec la guérilla qui faisaient des ravages dans ces régions. Sans raison, l'armée salvadorienne a massacré beaucoup d'autochtones. 
Les négociations de paix entre le gouvernement et le FFMLN, entamées par Duarte, se poursuivirent après l’élection, en 1989, du candidat de l’ARENA, Alfredo Cristiani. Les deux parties acceptèrent la médiation des Nations unies et, après de longs mois de négociations difficiles, signèrent des accords de paix au Mexique sous l’égide de l’ONU, en janvier 1992 (traité de Chapultepec du 16 janvier 1992). La fin de la guerre fut officiellement proclamée en décembre 1992. 
3.4 Le Salvador après 1992
En vertu des accords de paix, les forces rebelles acceptaient de déposer les armes et de prendre part à la vie politique; elles se joignirent à une coalition de partis baptisée «Convergence démocratique». Tous les soldats rendus à la vie civile se sont vus proposer par l'État un lopin de terre ou une formation technique, afin de faciliter leur réinsertion dans la société après ces douze années de guerre civile. De plus, une «commission de la vérité» prépara un rapport sur les assassinats et les massacres les plus notoires de toute la guerre civile, alors qu'une autre commission purgea l'armée de ses officiers les moins «indésirables». Un procureur pour les droits de l'homme fut nommé par le gouvernement. Puis le Parlement vota une loi d'amnistie générale en mars 1993 et le FMLN devint un parti politique reconnu afin de participer aux futures élections. 
La transition vers une réconciliation nationale et la démocratie connut des ralentissements tout au long de l’année 1993, mais des élections eurent lieu comme prévu en avril 1994. Armando Calderón Sol, dirigeant de l’ARENA, fut alors élu à la tête de l’État. Aux élections législatives et municipales de mars 1997, l’ARENA recula au profit du FFMLN et ne garda qu’une étroite majorité relative. Le FFMLN remporta plusieurs dizaines de municipalités dont la capitale San Salvador.
Malgré un retour fragile à la démocratie, le Salvador n'est pas au bout de ses peines. Quelque 60 % des Salvadoriens ne font que survivre dans une grande misère, alors qu'une partie importante de la population demeure analphabète. L'adoption du dollar américain comme monnaie nationale n'a pas amélioré l'économie et a au contraire suscité des mouvements de colère dans la rue. Les relations avec les États-Unis sont restées très étroites. Les Américains ont contribué au «Plan de reconstruction nationale» à hauteur de 600 millions de dollars et demeurent le principal partenaire économique (60 % de part de marché) du pays. Le 15 mars 2009, le candidat du FMLN, Mauricio Funes, fut élu président du Salvador avec 51 % des voix, ce qui mit fin à vingt ans d'hégémonie de l'ARENA.

La guerre civile débuta en janvier 1981. Le FMLN, recevant un appui du Front sandiniste de libération nationale du Nicaragua et indirectement du régime de Fidel Castro (Cuba), s'engagea pleinement dans un conflit armé, ce qui lui permit, entre autres, de contrôler certaines régions comme le Morazan et d'alimenter une guérilla urbaine. Pour avoir défendu les paysans, l'archevêque de San Salvador, Mgr Oscar Romero, proposé pour le prix Nobel de la paix, fut assassiné dans sa cathédrale en mars 1980 par les Escadrons de la mort. Après deux années de présidence intérimaire, les élections portèrent au pouvoir, le 6 mai 1984, un candidat chrétien-démocrate soutenu par les États-Unis, José Napoleón Duarte.
La victoire de la démocratie chrétienne lors des élections législatives du 31 mars 1985 suscita de l'espoir, mais la violence politique continua et la guerre civile s'intensifia. Celle-ci fit au moins 100 000 morts en dix ans et paralysa totalement l’économie du pays. Durant cette période, les indigènes durent souvent se cacher, car ils étaient soupçonnés de collaborer avec la guérilla qui faisaient des ravages dans ces régions. Sans raison, l'armée salvadorienne a massacré beaucoup d'autochtones. 
Les négociations de paix entre le gouvernement et le FFMLN, entamées par Duarte, se poursuivirent après l’élection, en 1989, du candidat de l’ARENA, Alfredo Cristiani. Les deux parties acceptèrent la médiation des Nations unies et, après de longs mois de négociations difficiles, signèrent des accords de paix au Mexique sous l’égide de l’ONU, en janvier 1992 (traité de Chapultepec du 16 janvier 1992). La fin de la guerre fut officiellement proclamée en décembre 1992. 
3.4 Le Salvador après 1992
En vertu des accords de paix, les forces rebelles acceptaient de déposer les armes et de prendre part à la vie politique; elles se joignirent à une coalition de partis baptisée «Convergence démocratique». Tous les soldats rendus à la vie civile se sont vus proposer par l'État un lopin de terre ou une formation technique, afin de faciliter leur réinsertion dans la société après ces douze années de guerre civile. De plus, une «commission de la vérité» prépara un rapport sur les assassinats et les massacres les plus notoires de toute la guerre civile, alors qu'une autre commission purgea l'armée de ses officiers les moins «indésirables». Un procureur pour les droits de l'homme fut nommé par le gouvernement. Puis le Parlement vota une loi d'amnistie générale en mars 1993 et le FMLN devint un parti politique reconnu afin de participer aux futures élections. 
La transition vers une réconciliation nationale et la démocratie connut des ralentissements tout au long de l’année 1993, mais des élections eurent lieu comme prévu en avril 1994. Armando Calderón Sol, dirigeant de l’ARENA, fut alors élu à la tête de l’État. Aux élections législatives et municipales de mars 1997, l’ARENA recula au profit du FFMLN et ne garda qu’une étroite majorité relative. Le FFMLN remporta plusieurs dizaines de municipalités dont la capitale San Salvador.
Malgré un retour fragile à la démocratie, le Salvador n'est pas au bout de ses peines. Quelque 60 % des Salvadoriens ne font que survivre dans une grande misère, alors qu'une partie importante de la population demeure analphabète. L'adoption du dollar américain comme monnaie nationale n'a pas amélioré l'économie et a au contraire suscité des mouvements de colère dans la rue. Les relations avec les États-Unis sont restées très étroites. Les Américains ont contribué au «Plan de reconstruction nationale» à hauteur de 600 millions de dollars et demeurent le principal partenaire économique (60 % de part de marché) du pays. Le 15 mars 2009, le candidat du FMLN, Mauricio Funes, fut élu président du Salvador avec 51 % des voix, ce qui mit fin à vingt ans d'hégémonie de l'ARENA.

4 La politique linguistique

Le Salvador a élaboré une politique linguistique rudimentaire, l'une des plus chétives de toute l'Amérique latine. D'ailleurs, les lois les linguistiques sont inexistantes et les lois à incidence linguistique, rarissimes. On pourrait résumer entièrement cette politique par l'article 62 de la Constitution de 1983 révisée en 2000:
Articulo 621) El idioma oficial de El Salvador es el castellano. El gobierno está obligado a velar por su conservación y enseñanza.
2) Las lenguas autóctonas que se hablan en el territorio nacional forman parte del patrimonio cultural y serán objeto de preservación, difusión y respeto.
Article 621) La langue officielle du Salvador est le castillan. Le gouvernement est obligé de veiller à sa conservation et son enseignement.
2) Les langues autochtones en usage sur le territoire national font partie du patrimoine culturel et feront l'objet de préservation, de diffusion et de respect.

Autrement dit, la politique compte deux volets: la promotion du castillan (espagnol) et la conservation des langues autochtones. Toutefois, contrairement à la plupart des pays latino-américains, cette politique n'est à peu près pas appuyée par des instruments juridiques.
4.1 Le castillan
En vertu de l'article 62 de la Constitution, l'espagnol (appelé castillan) est la langue de l'État qui doit veiller à sa conservation. L'Assemblée législative n’utilise que l’espagnol, la langue officielle, de même que tous les organismes gouvernementaux du Salvador, incluant les cours de justice. Dans les écoles, seul l’espagnol est enseigné «comme langue maternelle», alors que l'anglais demeure pratiquement la seule langue seconde enseignée aux élèves du secondaire. Même la Ley General de la Educación de 1998 ne mentionne que de façon très symbolique la question de la langue. Voici à ce sujet le libellé de l'article 16 qui, seul, en fait mention:
Articulo 161) La educación inicial comienza desde el nacimiento del niño hasta los cuatro años de edad; y favorecerá el desarrollo socio-afectivo, psicomotriz, censo-perceptivo, de lenguaje y de juego, por medio de una adecuada estimulación temprana.
2) La educación inicial centrará sus acciones en la familia y en la comunidad; el Ministerio de Educación normará y facilitará la ejecución de los programas de esta naturaleza desarrollados por instituciones públicas y privadas.
Article 161) L'éducation fondamentale débute à la naissance de l'enfant jusqu'à quatre ans; et elle favorisera le développement socio-affectif, psychomoteur, senso-perceptif, langagier et ludique, au moyen de stimulations précoces adéquates.
2) L'éducation fondamentale doit centrer ses actions sur la famille et la communauté; le ministère de l'Éducation normalise et facilite la mise en œuvre des programmes de cette nature, ceux-ci étant développés par des institutions publiques et privées.

Cependant, le problème du Salvador ne concerne pas directement la langue espagnole, mais la qualité générale de l'éducation. N'oublions pas que l'État consacre 1,6 % du produit national brut à l'éducation et que les améliorations en ce domaine ne peuvent que se faire attendre. Or, l'éducation publique salvadorienne souffre de multiples maux. Par exemple, en 1989, quelque 62 % des écoles primaires rurales manquaient de moyens matériels et pédagogiques. Les méthodes d'enseignement dominantes sont demeurées très conservatrices. Elles sont fondés sur la dictée, la répétition, la lecture à voix haute et en chœur, la mémorisation, sans en appeler au raisonnement personnel et à l'utilisation de mécanismes logiques permettant une autonomie de la pensée. Seuls des programmes de recyclage des enseignants pourraient remédier à la situation. Le nombre total des analphabètes au Salvador est estimé par l'Unesco à 28,5 %, ce qui demeure élevé mais mieux qu'au Guatemala (44,4 %) et au Nicaragua (34,3 %). 
Pour sa part, la vie économique se déroule en espagnol et en partie en anglais, mais seul l’espagnol apparaît dans les documents officiels. Les médias sont tous en espagnol, hormis les quelques journaux étrangers qui sont disponibles en anglais ou en portugais. En réalité, au plan juridique, on peut affirmer que le Salvador n'a comme politique que la non-intervention.
4.2  Les langues autochtones
Au plan juridique, la politique linguistique à l'égard des langues autochtones est également limitée: l'article 62 de la Constitution et la Convention no 107 de l'organisation internationale du travail. Rappelons que le seconde paragraphe de l'article 62 de la Constitution énonce que «les langues autochtones en usage sur le territoire national font partie du patrimoine culturel et feront l'objet de préservation, de diffusion et de respect.» Cette disposition correspond à une sorte de vœu pieux qui ne se transpose pas nécessairement dans la réalité quotidienne des autochtones. Elle n'est appuyée d'aucune mesure concrète, si ce n'est des tentatives d'enseignement bilingue dans quelques rares écoles autochtones.
Le gouvernement du Salvador a ratifié, le 18 novembre 1958 la Convention no 107 de l'OIT, soit la Convention relative aux populations aborigènes et tribales de l'Organisation internationale du travail (1957). Cette Convention a été ratifiée par 27 pays et reste la seule convention de cette nature à avoir été signée au cours des trois dernières décennies. Elle vise un large éventail de questions d'intérêt allant des conditions de travail et du recrutement des populations aborigènes et tribales aux droits fonciers, à la santé et à l'éducation. Dans ce dernier domaine, il a paru utile de reproduire les articles relatifs à l'éducation (21-26), auxquels le Salvador est partie prenante:
Article 21

Des mesures seront prises pour assurer aux membres des populations intéressées la possibilité d'acquérir une éducation à tous les niveaux sur un pied d'égalité avec le reste de la communauté nationale.

Article 22

1. Les programmes d'éducation destinés aux populations intéressées seront adaptés, en ce qui concerne les méthodes et les techniques, au degré d'intégration sociale, économique et culturelle de ces populations dans la communauté nationale.

2. L'élaboration de tels programmes devra normalement être précédée d'études ethnologiques.

Article 23

1. Un enseignement sera donné aux enfants appartenant aux populations intéressées pour leur apprendre à lire et à écrire dans leur langue maternelle ou, en cas d'impossibilité, dans la langue la plus communément employée par le groupe auquel ils appartiennent.

2. Le passage progressif de la langue maternelle ou vernaculaire à la langue nationale ou à l'une des langues officielles du pays devra être assuré.

3. Dans la mesure du possible, des dispositions appropriées seront prises pour sauvegarder la langue maternelle ou vernaculaire.

Article 24

L'enseignement primaire devra viser à donner aux enfants appartenant aux populations intéressées des connaissances générales et des aptitudes qui les aideront à s'intégrer dans la communauté nationale.

Article 25

Des mesures de caractère éducatif devront être prises dans les autres secteurs de la communauté nationale et particulièrement dans ceux qui sont le plus directement en contact avec les populations intéressées, afin d'éliminer les préjugés qu'ils pourraient nourrir à l'égard de ces populations.

Article 26

1. Les gouvernements devront prendre des mesures, adaptées aux particularités sociales et culturelles des populations intéressées, en vue de leur faire connaître leurs droits et obligations, notamment en ce qui concerne le travail et les services sociaux.

2. Des traductions écrites et des informations largement diffusées dans les langues desdites populations seront utilisées si nécessaire à cette fin.
Malheureusement, la Convention no 107 de l'OIT n'a à peu près jamais été appliquée au Salvador, la plupart de ces dispositions étant restées lettre morte, que ce soit au point de vue des droits fonciers, des droits à la santé ou en éducation. L'état de guerre civile permanente dans le pays n'a certes pas aidé à la cause autochtone. Bref, tout le travail est à faire, car le taux d'analphabètes chez les autochtones est beaucoup plus élevé que la moyenne nationale (28 %). Les programmes, de type traditionnel et encyclopédique, n'ont aucun sens pour les élèves des classes modestes, en particulier pour les enfants autochtones, pour lesquels sont rarement organisés des cours d'éducation bilingue, ce qui entraîne leur mise à l'écart du système scolaire. 
Heureusement, le programme d’éducation communautaire EDUCO (Educacion con Participacion de la Comunidad) a permis à des groupes auparavant exclus des systèmes centralisés d’accéder à l’éducation. On sait maintenant que  les minorités autochtones sont mieux à même d’apprendre dans leur langue maternelle lorsque l’autorité éducative est locale. Mais il y a encore beaucoup à faire.
Il est vrai qu'à la suite des Accords de paix signés à Chapultepec (au Mexique), la Grande Charte (Carta Magna) a été modifiée afin de garantir la protection des droits humains et de fixer de manière appropriée la compétence des organismes de l'État et de ses attributions en la matière. Par conséquent, les droits constitutionnels ont consacré le principe de l'égalité juridique entre tous les citoyens. Toutefois, les organisations indigènes salvadoriennes s'interrogent sur cette égalité, du fait que les peuples indigènes restent toujours les plus marginalisés de la société, que ce soit dans le domaine du logement, de l'éducation ou de la santé. Par exemple en matière environnemental, la déforestation, la pollution des rivières, la détérioration des sols, la dégradation des bassins hydrographiques, la perte de la bio-diversité et l'exploitation d'autres ressources ont entraîné une grande détérioration écologique au Salvador, notamment en territoire indigène. Il ne semble pas exister une volonté d'agir de la part du gouvernement devant tous ces problèmes. De plus, les autochtones continuent de vivre dans la misère et dans le sous-développement économique. Les statistiques sur la pauvreté en Amérique latine, lesquelles ont été dévoilées lors du Sommet mondial sur le développement social des Nations unies qui s'est déroulé en mars 1995 au Danemark en mars 1995, montrent qu'on ne peut pas séparer le problème de l'extrême pauvreté et celui de l'environnement. Les populations autochtones doivent faire face à l'inertie gouvernementale ou à l'absence de consultation.  
La politique linguistique du Salvador est restée à l'état embryonnaire. Contrairement à d'autres pays d'Amérique latine, elle n'est jamais allée très loin. C'est une politique de non-intervention qui n'entraîne guère de complication pour l'espagnol, mais qui remet en question l'existence même des quelques populations autochtones salvadoriennes. Rappelons que les peuples autochtones du Salvador forment un ensemble de 600 000 individus (10 % de la population), mais que seule une petite minorité parle encore une langue ancestrale (0,8 %). Dans l'état actuel des choses, ce n'est certainement pas l'État salvadorien qui remédiera à la situation. 

Bibliographie

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