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Éducation - Le recul scolaire des garçons par rapport aux filles, à qui la faute ?

Les garçons perdent confiance en eux, la faute aux filles

Tandis que les filles surpassent de plus en plus les garçons en matière de performances scolaires et universitaires et que les enseignants, majoritairement des femmes, mettent en avant la montée en puissance de la gente féminine dans tous les domaines de la sociétés, les adolescents perdent de plus en plus confiance en eux. Les garçons ont un problème sérieux d'estime de soi. C'est la conclusion d'une enquête approfondie menée par une journaliste du magazine en ligne The Daily Beast.

Psychologue et auteur du livre Raising Cain, protéger la vie émotionnelle des garçons, Michael Thompson explique que: les «garçons sont restés au même niveau à l'école tandis que les filles ont fait d'énormes progrès. Compte tenu de l'attention considérable que nous portons aujourd'hui aux résultats scolaires et de l'anxiété qui s'y ajoute, cela peut être démoralisant».


La progression continue des filles en matière de résultats scolaires et universitaires depuis 25 ans est une donnée connue. En France, 58% des diplômés sont aujourd'hui des filles. Aux Etats-Unis, les filles sont meilleures en moyenne que les garçons dans toutes les matières sauf les maths et les sciences et dans ces deux domaines elles rattrapent les garçons. Toujours aux Etats-Unis, deux chiffres résument parfaitement la situation: pour 100 filles qui ont des difficultés d'apprentissage scolaire, 276 garçons souffrent des mêmes problèmes. Pour 100 jeunes femmes qui entrent au collège (université), il y a 77 hommes.

Mais si cette situation est bien connue, ce qui l'est beaucoup moins ce sont les conséquences psychologiques pour les garçons, plus particulièrement lors de la période délicate de l'adolescence. Enseignants et parents ont du mal à aborder la question de peur d'être accusés de faire des différences entre les sexes et d'accorder moins d'attention aux filles. Mais de nombreux enseignants s'inquiètent de voir, qu'aux Etats-Unis dans les écoles la motivation des garçons est affectée par leur incapacité à se mettr... Lire la suite sur Slate.fr

Le cas des gars à l’école

par Gilles Guénette

Echec-scolaire-sexe-garcons Depuis quelques jours, rentrée scolaire oblige, le quotidien Le Soleil présente une série d’articles sur l’école – et plus particulièrement, sur la question des garçons à l’école. Traiter de cette «problématique», comme disent les intervenants, c’est parler de problèmes d’apprentissage. Ainsi, on apprend que «le nombre d'étudiants aux prises avec des troubles d'apprentissage ou des problèmes de santé mentale [aurait] explosé au cours des dernières années. Selon les estimations les plus conservatrices provenant de la Fédération des cégeps, ils sont passés de 426 à 1071 en deux ans. De son côté, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse estime que leur nombre a plutôt quintuplé en quatre ans, variant de 860 à 4309 étudiants.»(1)

Rien de tel pour excuser sa piètre performance, ou le haut taux de décrochage au Québec, que de blâmer les élèves eux-mêmes: ce n’est pas de notre faute, il y a trop d’élèves en difficulté! La solution: ça prend plus de fonds – l'an dernier, un peu plus d'un million de dollars étaient consacrés au financement des services adaptés au collégial alors que dans les écoles primaires et secondaires, près d'un milliard de dollars dépensés chaque année pour aider ces élèves – et une limite de 10% sur le nombre maximal d'élèves en difficulté intégrés dans une classe ordinaire. «Ça fait des années qu'on en parle, il faut passer à l'action. On n'a pas le choix. Le jour où on va avoir réglé cette question, on aura un gros bout de chemin de fait», de dire Manon Bernard, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement(2).

On s’en doute, il y a plus de garçons en difficulté que de filles. Mais d’en parler dans les médias ne ferait pas l’unanimité. Certains sont d'avis que ça renforce les stéréotypes et que c’est contre-productif: à force de se faire dire qu'ils ont des problèmes à l'école, les garçons peuvent développer une attitude encore plus négative. «On préconise une approche d'intervention différenciée, qui n'est pas en fonction du sexe, mais qui repose sur l'analyse des besoins de chacun», affirme Simon Fortin, porte-parole du ministère de l'Éducation du Québec, avant d’ajouter que les fonctionnaires «gardent un oeil» sur les résultats des garçons, en analysant différentes statistiques selon le sexe des élèves(3). Ah, si les fonctionnaires «gardent un oeil» sur les résultats des garçons, on est déjà plus rassuré!

Pourtant, année après année, les chiffres du ministère de l'Éducation montrent qu’au Québec, 26% des filles et 35% des garçons quittent l'école sans diplôme secondaire, secteurs privé et public confondus. Ce sont aussi les garçons qui gonflent les rangs des élèves en difficulté, où on les trouve à 69%. Les années passent, mais le portrait reste le même. «Rien n'a bougé depuis 15 ans», déplore Égide Royer, psychologue et professeur en adaptation scolaire à l'Université Laval(4). Selon lui, le réseau scolaire gagnerait à recruter plus d'hommes à l'école, afin, notamment, de fournir davantage de modèles masculins aux garçons.

Selon les chiffres du ministère de l'Éducation, il n'y avait que 22,3% d'hommes qui enseignaient dans les écoles du Québec en 2009-2010, comparativement à 30,4% en 1990. Au primaire, les profs masculins ne représentent que 12,9% des effectifs enseignants. Au secondaire, ils ont été majoritaires jusqu'en 1997, et leur nombre ne cesse de diminuer depuis(5). Comment expliquer cette faible représentativité? Selon Cédric Devouassoux, jeune enseignant au primaire, «Si tu as le choix entre faire quatre ans d'université pour travailler ensuite sur appel et à contrat pendant des années ou faire un diplôme d'études professionnelles d'un an ou deux qui va te donner un très meilleur salaire et un emploi stable après, sans avoir à travailler le soir à corriger des travaux... le choix n'est pas très compliqué. Il faut vraiment être passionné pour choisir cette profession.»


Toujours selon M. Devouassoux, les fausses accusations de pédophilie – qui se seraient multipliées au cours des dernières années – y seraient aussi pour quelque chose: «Est-ce qu'il y a beaucoup d'hommes qui veulent risquer de perdre leur réputation et de ruiner leur vie pour des plaintes non fondées? Je connais un prof à qui c'est arrivé. Après avoir été en arrêt de travail pendant deux ans, les deux jeunes filles ont reconnu qu'elles avaient inventé une histoire d'attouchements sexuels.»(6) De nos jours, un prof qui fait une entrevue avec une élève va laisser la porte ouverte, s'il est seul avec elle dans son bureau. Le fait que des profs jugent bon de modifier leur comportement en dit gros sur la culture de victimisation de la femme qui s’est installée dans notre société.

Mais est-ce que d’embaucher plus d’hommes dans les écoles va réellement changer la donne? À lire entre les lignes des propos d’Yves Archambault, ancien directeur général de la Commission scolaire de Montréal, on est tenté de répondre pas nécessairement: l'école est «un monde de filles», les valeurs qui y sont véhiculées ne collent pas à celles des garçons. «Une directrice d'école avec 25 ans d'expérience m'a déjà avoué qu'elle avait constaté que les garçons perdaient de l'intérêt pour l'école dès la quatrième année. À cet âge-là, les garçons se rendent compte que l'école n'est pas faite pour eux et qu'ils ne comprennent rien aux valeurs véhiculées à l'école.»

Effectivement, on aurait beau remplacer toutes les enseignantes par des enseignants, si ces derniers enseignent de la même façon que les femmes, la situation ne s’améliorera pas – ou à peine. Le problème est bien plus dans la méthode d’enseignement privilégiée par le ministère de l’Éducation que dans le sexe de l’enseignant. Au Québec, les fonctionnaires et les professionnels patentés du milieu ont privilégié une approche féminine et maternante au fil des ans. Cette approche, on le voit, fait bien plus de tort que de bien aux garçons.

Dans un système d’éducation complètement privé, des chaînes d’écoles offriraient différentes approches d’enseignement. Certaines feraient plus leurs preuves que d’autres. Elles seraient copiées par d’autres et l’ensemble des établissements d’enseignement s’en trouverait amélioré. La compétition ferait son boulot. Mais comme on est à des années lumière d’une telle éventualité – et que le secteur est géré par une bande de fonctionnaires/syndicalistes égalitaristes qui vivent à une autre époque –, les choses vont sans doute continuer de se détériorer.