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Économie et société - L’UBS prône… les sous-vêtements couleur chair

Source: Francesoir
Le groupe bancaire suisse est plus exigeant sur la tenue vestimentaire de ses employés qu’il ne l’a été sur la moralité de ses démarcheurs.

« La peau représentant quasiment notre premier vêtement, nous vous recommandons de la protéger en appliquant une crème de soin composée d’actifs nourrissants et apaisants. » A l’Union de banques suisses (UBS), deuxième banque du pays, on ne rigole pas avec les tenues vestimentaires. Elle a fait parvenir à tous ses collaborateurs un guide expliquant dans le détail ce qu’il est possible ou non de porter au sein de l’entreprise. On y retrouve pêle-mêle les nœuds possibles pour attacher sa cravate (simple, Windsor ou double Windsor), la taille maximale autorisée pour les chaussures à talons (pas plus de 7 cm), le nombre de bijoux (7 pour les femmes, 3 pour les hommes, alliance non comprise) et même les sous-vêtements qui seront de préférence couleur chair, pour les femmes.

« Une image de marque à respecter »

Si la plupart des règles inscrites semblent évidentes – on n’imagine pas son banquier en tee-shirt/jean/baskets –, UBS pousse tout de même loin les recommandations faites à ses employés. Pour la banque comme pour nombre d’entreprises dans le monde, la tenue vestimentaire est une question d’image. Avoir des salariés bien habillés permet de donner à la clientèle l’image d’un groupe sérieux, « conscient de ses responsabilités », comme le précise le guide d’UBS. D’ailleurs, la méthode est appliquée un peu partout, de la restauration à l’habillement. Comme l’explique Denise Chevet, secrétaire centrale de l’Association suisse des employés de banque : « Les autres établissements ont également leur code de conduite. Les banques ont une image de marque que les employés doivent respecter. »
Sans doute, mais l’intérêt méticuleux porté par la direction de l’UBS à la tenue vestimentaire de ses employés est d’autant plus piquant que la banque a fait preuve d’un laxisme inouï dans la gestion des subprimes et s’est surtout fait prendre la main dans le sac, aux Etats-Unis, il y a deux ans, pour avoir monté un système de démarchage axé sur la fraude fiscale. Les aveux d’un ancien salarié avaient révélé l’existence d’une véritable organisation, avec l’interdiction pour les démarcheurs de laisser la moindre trace écrite et la recommandation de communiquer avec des mots codés : pour parler dollars, ils prononçaient le mot « orange », afin de ne pas être repérés par les grandes oreilles satellitaires des services secrets américains. Là, déjà, tout était écrit : pour le bien comme pour le mal, il faut toujours compter avec la précision suisse…

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Seul un Français barbu pouvait réagir violemment à l’intrusion d’UBS dans la vie privée de ses salariés : François Chérèque. Pour le secrétaire général de la CFDT, ce type de consignes est totalement inacceptable. « C’est de la discrimination tout simplement, c’est ce que vivent certaines personnes dans les entreprises, y compris en France », a-t-il martelé mercredi, citant le cas d’une « jeune femme serveuse ou maître d’hôtel dans un restaurant en France, à qui on imposait les talons hauts, la jupe la plus courte possible et le body bien serré. C’était une obligation pour travailler ».