Actualités - Manigat et Martelly contre un nouveau décompte

Mirlande Manigat et Michel Martelly, deux des trois candidats arrivés en tête du premier tour de l'élection présidentielle en Haïti, ont rejeté samedi la proposition des autorités électorales de procéder à un nouveau comptage des suffrages exprimés. 

La diffusion cette semaine des résultats du scrutin du 28 novembre, a provoqué la colère des partisans de Martelly, écarté du second tour pour moins de 7.000 voix, et suscité des accusations de fraudes électorales en faveur du candidat du pouvoir, Jude Célestin.

Pour tenter de mettre fin à la contestation, le conseil électoral provisoire a proposé jeudi un nouveau comptage des voix confié à une commission spéciale, formée notamment de représentants des trois principaux candidats et d'observateurs étrangers.

Mais Mirlande Manigat et Michel Martelly ont annoncé samedi qu'ils ne participeraient pas à cette commission, sans précédent dans l'histoire politique du pays.

"Mme Manigat reste ouverte à toute initiative susceptible de favoriser une solution à la crise, à condition que cette solution soit transparente et légale", explique son équipe de campagne dans un communiqué.

Michel Martelly a estimé lui que cette "initiative surprenante et illégale" était "une farce publique" visant à aboutir au même résultat - son élimination dès le premier tour - sans enquêter sur les accusations de fraudes et de violences lors de l'élection.

Le peuple haïtien, a-t-il poursuivi, est victime d'une conspiration politique. Mais "cette fraude patente et inacceptable a été immédiatement découverte et démasquée par une population furieuse", a-t-il ajouté.

6.845 VOIX

D'après les résultats provisoires, Mirlande Manigat est arrivée en tête du premier tour avec 31,37% des voix.

Jude Célestin, dont la candidature était soutenue par le président sortant René Préval, est crédité de 22,48%. Avec 21,84%, Michel Martelly, chanteur populaire connu sous le nom de "Sweet Mickey", est éliminé par 6.845 voix seulement sur un million de suffrages exprimés.

Ses partisans, qui affirment que ces résultats ont été truqués, ont violemment manifesté dans les rues de Port-au-Prince.

Les Etats-Unis, l'Union européenne et les Nations unies ont exprimé pour leur part des doutes sur la fiabilité des résultats diffusés par le conseil électoral provisoire, qui ne cadrent pas avec les projections réalisées par les observateurs du vote.

Les rues de Port-au-Prince étaient calmes samedi, et des magasins ont ouvert. Mais depuis mardi, jour de la diffusion des résultats préliminaires, des milliers de partisans de Martelly

ont manifesté pour dénoncer l'élimination de leur candidat.

Le mouvement de contestation a fait quatre morts et paralysé pendant plusieurs jours Port-au-Prince et d'autres villes du pays, toujours aux prises avec une épidémie de choléra et les conséquences du tremblement de terre du 12 janvier.

Henri-Pierre André pour le service français