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Sport (tennis) - En Suisse, on prépare déjà la succession de Federer

Source: Swissinfo.ch
Par Samuel Jaberg, swissinfo.ch
Après Federer, le déluge? Ce n'est pas le vœu de la Fédération suisse de tennis, qui fait de la promotion de la relève sa grande priorité pour les années à venir. Avec un réservoir restreint, la Suisse veut avant tout miser sur la qualité de l'encadrement et des infrastructures.

Roger Federer
Le 16 décembre dernier, René Stammbach, président de la Fédération suisse de tennis, et Hans Stöckli, maire de Bienne, donnaient le premier coup de pelle à l'agrandissement du centre national de tennis. Dans un peu plus d’une année, un nouveau complexe comprenant des courts, des chambres et des locaux d'enseignement devrait voir le jour à l'est de la cité bernoise.

Coût des travaux: près de 6 millions de francs, dont 1,5 million à la charge de la Confédération. Les nouvelles infrastructures profiteront aux dix espoirs suisses qui s'entraînent déjà à Bienne mais aussi aux jeunes athlètes étrangers inscrits à la toute nouvelle «Swiss Tennis Academy». Avec les bénéfices réalisés par l’académie – le coût de la formation et de l’hébergement avoisine les 36'000 francs annuels - la Fédération entend financer une partie des coûts d'encadrement de sa propre relève.

«C'est un nouveau départ, résume René Stammbach. Les nouvelles structures permettront aux jeunes de s’entraîner et de vivre sous le même toit. Actuellement, ils perdent près de deux heures par jour à faire les aller-retour entre le domicile, l'école et les salles d'entraînement.» L’accroissement des effectifs permettra également de multiplier les «sparring-partners» et par ricochet le niveau des entraînements.

Un consultant de choix

La Fédération a également investi dans l'encadrement, en s'offrant les services d'un consultant de premier plan. Heinz Günthard, ancien joueur professionnel reconverti en entraîneur à succès, aura pour mandat de superviser le travail des six entraîneurs de la Fédération. «Chaque entraîneur a besoin d'un regard externe sur son travail. Lorsque j'entraînais Steffi Graf, je faisais régulièrement appel à des collègues pour bénéficier de leur point de vue», explique Heinz Günthardt, qui vient de mettre un terme à sa collaboration avec la joueuse serbe Ana Ivanovic.

Miser sur la qualité plutôt que sur la quantité, tel est le credo des dirigeants du tennis suisse. «La Russie et la France développent des concepts sur PowerPoint qui s’appliquent à des centaines de joueurs. En Suisse, ça ne sert à rien. Nous avons au maximum 3 à 4 talents capables de faire partie de l'élite. Nous devons les suivre attentivement et leur offrir les meilleures opportunités de développement, que ce soit à Bienne, à Zurich ou ailleurs. Le but étant de répondre aux besoins spécifiques de chaque joueur», affirme Heinz Günthardt.

A moyen terme, ces talents devront pouvoir voler de leurs propres ailes sur le circuit international. Et pourquoi ne pas imiter les joueurs d’exception que la Suisse a produit cette dernière décennie? Deux numéro un mondiaux, Martina Hingis et Roger Federer, mais aussi d'autres athlètes qui n'ont pas à rougir de la comparaison internationale, tels Stanislas Wawrinka ou Patty Schnyder.

Un tennis athlétique

«Cette constellation exceptionnelle et chanceuse a créé des attentes très élevées dans le public. Il faudra que l'on se montre plus réalistes dans le futur», prévient déjà Severin Lüthi, capitaine de l'équipe de Suisse de Coupe Davis et coach de Roger Federer.

René Stammbach espère qu’avec l’élargissement du centre national et du cadre des entraîneurs, la Suisse puisse compter «dans 5 à 7 ans des joueurs capables de défendre les couleurs du pays dans l’élite de la Coupe Davis». S'il estime que Roger Federer sera encore apte au service «au moins pendant cinq ans», Severin Lüthi se montre plus inquiet pour la suite: «Je ne vois actuellement pas de nouveaux joueurs qui auraient le potentiel d'intégrer l'équipe nationale».

Ainsi, le meilleur élément du cadre A de Swiss Tennis, qui regroupe les neuf meilleurs joueurs et joueuses suisses de moins de 18 ans, n’est classé qu’à la 783e place mondiale. «Le tennis devient de plus en plus athlétique. Le passage dans le top-100 du classement se fait désormais plutôt vers l’âge de 23 ans», relativise Heinz Günthardt.

Attirer les jeunes

Pour avoir des éléments capables de sortir du lot, il est important de pouvoir s’appuyer sur une base solide. Depuis dix ans, le nombre de juniors licenciés n'a que légèrement progressé, passant de 12'926 à 14'613, l’évolution étant même négative chez les filles (4678 à 3871). Etonnant si l’on pense que la Suisse a vécu durant cette période au rythme des exploits du meilleur joueur de tous les temps.

Difficile pour Severin Lüthi de trouver une explication à un phénomène, qui, selon lui, n’est pas unique: «Beaucoup de fédérations connaissent ce genre de problèmes. Avec la multitude d’offres sportives à disposition, moins de jeunes se concentrent uniquement sur le tennis».

Chez Swiss Tennis, on reconnaît toutefois certaines «faiblesses» au niveau du recrutement. Dès l’année prochaine, la Fédération organisera une journée nationale de tennis qui doit permettre aux clubs de débaucher de nouveaux adhérents. La campagne publicitaire entourant l’événement, annoncé pour le 27 août, aura pour icône un certain Roger Federer.

Samuel Jaberg, swissinfo.ch
Bienne