jeudi 06 janvier 2011 - 15h45
Un mois après l'annonce de l'attribution de la Coupe du Monde à la Russie puis au Qatar, la FIFA est toujours au centre des critiques. Après la presse, même les acteurs du monde du foot commencent à s'en prendre à Sepp Blatter.
Sur le plateau d'iTélé, avant l'annonce de l'attribution par la FIFA des pays hôtes des Coupes du Monde 2018 et 2022, le journaliste Pascal Praud s'était fendu d'un commentaire prophétique. Pour lui, si la Russie et le Qatar faisaient main basse sur les deux épreuves, c'est que la FIFA donnait priorité à l'argent et que cela ferait couler beaucoup d'encre. Avant l'annonce de Zurich, le 2 décembre, on estimait que les lobbys financiers permettraient sans doute à l'une des deux candidatures de l'emporter, histoire de remplir les coffres des banques suisses. Et la Russie, géant mondial, semblait la mieux indiquée pour la désignation. L'influence politique et économique de ce pays continent, son rayonnement international ou encore son histoire sportive permettaient de faire oublier les travers d'un pays libéré du communisme mais qui n'est pas forcément devenu le meilleur ami des libertés individuelles, notamment en terme de liberté de la presse. Ce pays, sur le plan sportif, ne peut pas non plus se targuer d'avoir les supporters les plus ouverts au brassage des cultures. Enfin, dans un pays où la corruption reste répandue, certains se sont demandés, notamment en Angleterre, si les valises qui ont pu servir à acheter des clubs anglais ont également pu favoriser le choix des votants, provoquant la colère du Premier Ministre Poutine, outré qu'on ose émettre un doute sur la nature désintéressée des choix opérés le 2 décembre…
Publicité
Monique - Age: 25 - Technicienne de laboratoireCélibataire et disponible. Écrivez-moi
Pour la FIFA et son président Sepp Blatter, toutes ces critiques ne valent pas grand-chose et sont balayées avec un revers de main : « L'attribution de la Coupe du Monde de la FIFA 2018 à la Russie et de la Coupe du Monde de la FIFA 2022 au Qatar sont le signe que notre compétition phare a mis le cap sur de nouvelles contrées et, en tant que Président de l'instance dirigeante du football mondial, c'est pour moi une grande joie que de voir la Coupe du Monde de la FIFA s'étendre vers l'Europe de l'Est et le monde arabe, contribuant ainsi grandement à développer le football dans le monde entier. » Du côté d'une instance opaque, on ne veut bien sûr pas évoquer l'argent comme stimulant principal du vote pour le Qatar ou la Russie, même si sur le site de la FIFA, Sepp Blatter aborde la question avec finesse en évoquant le sponsoring : « Nous avons pris des décisions historiques en termes de géopolitique sportive. Nous avons envoyé la Coupe du Monde dans de nouveaux territoires. Celle de 2018 ira en Europe de l'Est, dans l'immense Russie, celle de 2022 ira au Moyen-Orient au Qatar, dans le monde arabe. La Coupe du Monde va découvrir de nouvelles cultures dans de nouvelles régions, je ne peux que m'en réjouir. Il faut suivre le développement du football et de la FIFA pour comprendre ces décisions. Cela ne date pas d'hier. C'est d'abord Joao Havelange, mon prédécesseur, qui a demandé de faire du football un sport universel. Il fallait promouvoir le football et chercher des sponsors, nous n'avions alors pas un sou […] Les médias sportifs ne voient pas toujours l'importance sociale ou culturelle de l'attribution d'une Coupe du Monde. Ils pensent penalty, corner, arbitrage ou argent. Mais je réitère ce que j'ai déjà dit : ce n'était pas une décision pour faire de l'argent. » Mais on n'est pas toujours obligé de croire le bon père Joseph, à l'instar d'Uli Hoeness, du Bayern Munich : « C'est un scandale, la manière avec laquelle les évènements se sont déroulés. De toute évidence, pour qu'une candidature soit acceptée aujourd'hui, il faut verser en plus des sommes sous la table. Ils (Blatter et les dirigeants) devraient se poser la question de savoir s'ils ne sont pas allés trop loin. »