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Mode et tendances - la mode des années 1990 à 2010 présentée en musé

Source: Tribune de Genève
EXPOSITION | Les Arts décoratifs proposent le second volet de leur diptyque sur l’histoire idéale du vêtement féminin contemporain. Des modes désormais lancées par des étrangers.
ÉTIENNE DUMONT | 02.01.2011 | 14:16

Faute de place, l’exposition était prévue dès le départ comme un diptyque. L’«Histoire idéale de la mode contemporaine», au Musée des arts décoratifs de Paris, a déjà traité les années 1970 et 1980. Tout commençait avec le «scandaleux» défilé d’Yves Saint Laurent de 1970, conçu comme un hommage à la couture sous l’Occupation, pour se terminer dans l’euphorie politique suscitée par la chute du Mur en décembre 1989.
© Viktor & Rolf | L’élégance selon Viktor & Rolf, qui ont déjà eu à Paris leur grande rétrospective aux Arts décoratifs.

Pour la seconde mi-temps, comme on dit en football, le musée aborde la période 1990-2010. Un choix qui va à la fois vers la facilité et la difficulté. Si la matière abonde, et en bon état, comment mettre en scène une exposition qui n’aurait pas l’air d’une gigantesque solderie? Il est clair que le recul manque, surtout pour les premières années du IIIe millénaire.

Un choix de 150 modèles

Cinq cinquante modèles se sont vus choisis par les commissaires, qui disposent toujours des mêmes locaux, répartis sur deux étages. Le musée de la rue de Rivoli doit en plus penser en ce moment pour deux. Celui des Arts et du costume, appartenant à la Ville et logé dans l’ancien Palais Galliera, reste fermé depuis si longtemps pour travaux qu’on fit par douter de sa réouverture.

Aux Arts décoratifs, il a ainsi fallu faire place à la haute couture, qui commence à battre d’une aile, puis des deux, à partir de 1980 comme au prêt à porter. L’exposition se situe donc «entre l’artisanat et l’industrie». Une industrie de luxe, cependant. Les produits moyens et bas de gamme proposés durant deux décennies par d’innombrables boutiques n’ont même pas été envisagés. Qui accepterait de les dévisager dans une institution publique?

Défilés en vidéo

Le parcours se fait un peu selon les «écoles». C’est là que réside la surprise. Le visiteur note la quasi absence des Français dans une manifestation avant tout centrée sur Paris. En haute couture, pour un Gaultier chez lui-même, ce sont ainsi Karl Lagerfeld pour Chanel, Alexander McQueen pour Givenchy et John Galliano pour Dior. Ailleurs, outre les Japonais, très présents en France dès 1980, on a les Italiens, qui dominent désormais la Planète. Il faut aussi compter sur les Hollandais (Viktor Rolf) ou les Belges. Il y a sans doute plus d’Anversois représentés ici que de Français de souche ancienne.

Cette sorte d’abdication se double d’une interrogation. Alors que, dans les grandes villes, les librairies les plus vénérables ou les boulangeries les plus anciennes se muent en magasins de fringues, on n’aura jamais autant vu autant de choses importables et apparemment importées. Qui a jamais croisé dans la rue une femme vêtue par le Turc Hussein Chalayan ou le tardif successeur de Cristobal Balenciaga Nicolas Ghesquière dans une maison pourtant ranimée à grands frais?

Le visiteur peut bien sûr voir les films de certains défilés. On sait que ce dernier est devenu un art en soi, avec des mises en scène toujours plus riches et élaborées. Mais ne s’agirait-il pas aussi, parfois, d’un art pour l’art?

Où? Comment? Quand?

«Histoire idéale de la mode contemporaine, Les années 1990-2000», Musée des arts décoratifs, Paris, 107, rue de Rivoli, jusqu’au 8 mai 2011. Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h, jeudi nocturne jusqu’à 21h. Site www.lesartsdecoratifs.fr